Le 27 mars dernier, des chercheurs de l’Université de Leicester ont annoncé la découverte d’un fossile exceptionnel, vieux de 444 millions d’années, dans les schistes de Soom, en Afrique du Sud. Cette trouvaille a permis de mettre au jour une nouvelle espèce, baptisée Keurbos susanae, surnommée « Sue » en hommage à la mère du découvreur. Le fossile, qui a révélé des organes et tissus remarquablement conservés, offre une occasion rare de comprendre les formes de vie de cette époque reculée.
Le fossile de Sue est d’une rareté exceptionnelle. Ce spécimen, un organisme multisegmenté dépourvu de tête et de pattes, conserve une impressionnante quantité de détails organiques. Selon l’étude publiée dans Paleontology Today, les muscles, tendons, et même les intestins de l’animal ont été remarquablement minéralisés, offrant aux scientifiques une vue inédite des structures internes d’un organisme datant de plus de 440 millions d’années. Toutefois, les parties plus résistantes, telles que la tête, la carapace et les pattes, ont disparu avec le temps. Cette conservation extraordinaire est expliquée par la présence de sulfure d’hydrogène dans les sédiments où le fossile a été retrouvé, créant un environnement propice à sa préservation.
La découverte a eu lieu dans une zone géologique très particulière : les schistes de Soom, une formation qui se situe à environ 400 kilomètres au nord du Cap, en Afrique du Sud. Ces sédiments anciens, riches en argile et en limons, ont joué un rôle crucial dans la préservation du fossile. Les conditions environnementales, telles que la présence de sulfure d’hydrogène toxique, ont permis de protéger les tissus organiques de Sue contre la décomposition naturelle. Cette découverte s’inscrit dans le cadre plus large des recherches sur les fossiles du Dévonien, une période où la vie animale commençait à se diversifier.
Le fossile de Sue suscite un grand intérêt parmi les paléontologues, mais il soulève également des interrogations. En raison de sa préservation exceptionnelle, il est difficile de le comparer à d’autres fossiles de la même époque. Les scientifiques se trouvent confrontés à un défi majeur : situer cette nouvelle espèce dans l’arbre de l’évolution des espèces. Le fossile pourrait, en effet, apporter des éclairages cruciaux sur les premières formes de vie multicellulaires et leur évolution. Cependant, les conditions uniques de conservation de ce spécimen compliquent cette analyse.
Malgré ces défis, la découverte de Sue ouvre de nouvelles perspectives pour les recherches paléontologiques. En étudiant de manière approfondie ce fossile, les chercheurs espèrent élucider des aspects de l’évolution des espèces, en particulier sur les transitions majeures qui ont eu lieu durant le Dévonien. Le fossile pourrait également offrir des indices précieux sur les conditions de vie à cette époque, contribuant ainsi à mieux comprendre les interactions entre les organismes et leur environnement. Les scientifiques envisagent déjà de nouvelles fouilles dans la région pour tenter de découvrir d’autres fossiles similaires, qui pourraient enrichir les connaissances sur cette période clé de l’histoire de la vie sur Terre.
Sarah Gabbott, auteure principale de l’étude, souligne l’importance de cette découverte pour la paléontologie moderne : « Sue est une merveille. La qualité de sa préservation est sans précédent, et elle nous offre une occasion unique d’étudier un organisme du Dévonien sous un angle totalement nouveau. » Les chercheurs s’accordent à dire que bien que cette trouvaille soit exceptionnelle, elle pose également de nouvelles questions. La conservation exceptionnelle du fossile reste un phénomène rare, qui nécessite des analyses minutieuses pour comprendre les mécanismes de cette préservation.