Le président congolais Denis Sassou-Nguesso a effectué une visite en Libye cette semaine, marquant son premier déplacement dans le pays depuis 2011. En sa qualité de président du Comité de haut niveau de l’Union africaine pour la Libye, Sassou-Nguesso a rencontré les autorités libyennes à Tripoli et à Benghazi pour relancer le processus de réconciliation nationale. Son objectif est de réunir toutes les parties libyennes autour d’un dialogue visant à surmonter leurs divisions et à poser les bases d’élections démocratiques.
Lors de ses rencontres, le président congolais a mis en avant la nécessité d’une réconciliation nationale en Libye, même en l’absence d’une conférence de paix immédiate. Il a proposé une alternative : la signature, lors du sommet des chefs d’États africains en février prochain, d’une charte de réconciliation libyenne. Malgré les défis logistiques rencontrés, l’idée d’un texte élaboré par les Libyens eux-mêmes, avec le soutien de l’Union africaine, demeure centrale. Cette approche vise à intégrer l’histoire et les aspirations du peuple libyen dans une solution pérenne.
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à des divisions internes et à une guerre civile exacerbée par des interventions étrangères. Bien que la conférence de Berlin de 2020 ait permis de poser des bases pour la paix, la situation demeure marquée par des rivalités entre l’Ouest et l’Est du pays. L’absence de consensus sur la réconciliation nationale et la méfiance envers l’ingérence internationale compliquent davantage les perspectives de stabilisation. La Libye est désormais le théâtre d’un conflit où chaque faction se bat pour maintenir sa part de pouvoir.
L’initiative de Sassou-Nguesso intervient dans un contexte mondial et régional de plus en plus favorable à un rôle accru de l’Afrique dans la résolution des conflits. Les Libyens, désillusionnés par l’inefficacité des efforts internationaux, semblent plus ouverts à une solution africaine qui leur serait propre. L’Union africaine, en prenant l’initiative, pourrait ainsi devenir un acteur clé de la réconciliation, en soutenant les Libyens dans la construction d’un processus de paix autonome, à l’abri des ingérences extérieures.
Malgré la bonne volonté de l’Union africaine, la mission de Sassou-Nguesso reste complexe. Les autorités libyennes, tant à l’Ouest qu’à l’Est, demeurent réticentes à certaines propositions. Le Premier ministre de Tripoli, Abdel Hamid Dbeibah, semble peu enthousiaste quant à cette initiative africaine, tandis que les autorités de l’Est estiment que le vice-président chargé de la réconciliation, Abdallah al Lafi, n’est pas un médiateur impartial. Ces divisions rendent le processus de paix fragile, d’autant que le Comité de haut niveau ne dispose pas des leviers de pression des grandes puissances mondiales.
Malgré ces obstacles, l’optimisme reste de mise. L’engagement du président Sassou-Nguesso et des autorités africaines pourrait redonner aux Libyens l’espoir d’une sortie de crise. En effet, les derniers développements au Moyen-Orient et l’émergence d’une volonté de relance du dialogue sur le continent africain offrent une petite chance de succès. La réconciliation, bien qu’encore lointaine, pourrait ainsi devenir une réalité, avec l’adhésion des Libyens eux-mêmes à un processus de paix qui soit réellement porté par l’Afrique.