Retrait des forces françaises au Tchad : Paris amorce un tournant historique
Départ précipité des Mirage 2000 : l’armée française entame son retrait du Tchad
Coopération rompue : vers un désengagement total des troupes françaises au Tchad
L’armée française a entamé ce mardi 10 décembre son retrait du Tchad, marquant un tournant dans les relations militaires entre Paris et N’Djamena. Deux Mirage 2000 ont quitté la base aérienne d’Adji Kossei à N’Djamena, accompagnés d’un avion ravitailleur MRTT, pour rejoindre la France. Cette première étape symbolise le début d’un désengagement militaire historique, décidé après la rupture des accords de coopération de défense entre les deux pays.
Ce retrait intervient après l’annonce, le 28 novembre, par le gouvernement tchadien de la fin des accords de coopération de défense avec la France. N’Djamena a exigé un retrait rapide des troupes françaises stationnées sur son territoire. Deux jours plus tard, le Premier ministre tchadien insistait sur l’urgence de cette opération. Paris, en réponse, a entamé ce processus avec une célérité inattendue, surprenant même certaines autorités locales.
Le Tchad a longtemps été un point d’appui stratégique pour l’armée française en Afrique. La présence des Mirage 2000 à N’Djamena a souvent permis un soutien opérationnel, notamment par des tirs de semonce destinés à dissuader les adversaires de l’armée tchadienne. Ce n’est pas la première fois que la France se retire du Tchad : en 1976, à la demande du président Félix Malloum, les troupes françaises avaient quitté le pays avant d’y revenir rapidement pour stopper l’avancée des rebelles du Frolinat.
Ce désengagement soulève des questions sur l’avenir des relations militaires entre Paris et N’Djamena. Selon Abderaman Koulamallah, ministre tchadien des Affaires étrangères, le retrait des Mirage 2000 n’est qu’une « première étape ». Les discussions entre les deux gouvernements se poursuivent pour organiser le départ des autres éléments militaires français, notamment les 1 000 soldats encore présents dans le pays.
Le retrait précipité des Mirage 2000 a également été motivé par des contraintes techniques. Selon une source tchadienne, les appareils étaient immobilisés depuis deux semaines en raison de problèmes mécaniques, ce qui a facilité leur départ rapide. Cependant, cette décision pose un défi stratégique, le Tchad devant désormais renforcer sa propre capacité de défense en l’absence de ce soutien aérien crucial.
Pour des experts comme Remadji Hoinaty de l’Institut d’études de sécurité (ISS), cette évolution marque une nouvelle phase dans la réorganisation des partenariats militaires en Afrique. Le Tchad devra repenser son modèle de sécurité nationale, tandis que la France poursuit son repositionnement stratégique sur le continent, notamment après son retrait du Mali et de la Centrafrique. Ce désengagement, bien que symbolique, reflète une transformation des relations bilatérales.