La Cour pénale internationale (CPI) renforce sa dimension africaine avec l’entrée de deux juristes africaines, la juge Sanji Monageng, originaire du Botswana, et Evelyn Ankumah, une spécialiste ghanéenne du droit international. Elles ont été nommées conseillères spéciaux auprès du procureur de la CPI, Karim Khan. Ces nominations interviennent dans un contexte de tensions politiques, marquées par les sanctions imposées par les États-Unis à Karim Khan pour son mandat d’arrêt visant Benyamin Netanyahu.
Sanji Monageng, ancienne juge à la CPI et actuellement haut-commissaire du Botswana en Afrique du Sud, et Evelyn Ankumah, fondatrice de l’organisation Africa Legal Aid, rejoignent le réseau des conseillers spéciaux. Leur arrivée porte à quatre le nombre de conseillers africains sur un total de 16. La nomination de ces deux expertes intervient alors que le procureur Khan fait face à des pressions politiques internationales, notamment des sanctions des États-Unis qui contestent son action concernant Netanyahu. Cette situation soulève des interrogations sur la place de l’Afrique au sein de la justice internationale et sur l’indépendance de la CPI face aux grandes puissances.
Les relations entre la CPI et certains États africains ont souvent été marquées par des tensions, particulièrement en ce qui concerne la gestion des dossiers impliquant des dirigeants africains. Depuis sa création, la Cour a été critiquée pour son implication dans des affaires principalement africaines, ce qui a alimenté des critiques sur son impartialité. Le climat actuel, avec la nomination de conseillères africaines, pourrait signaler une volonté de l’institution de renforcer sa représentation continentale et de promouvoir une plus grande influence des juristes africains dans les décisions stratégiques.
La nomination de Monageng et Ankumah s’inscrit dans un contexte où des enjeux cruciaux se profilent à l’horizon, notamment la révision du crime d’« agression » à la CPI. Ce sujet doit être débattu lors d’une réunion de l’Assemblée des États parties à la Cour en juillet 2025, à New York. Les discussions porteront sur l’extension des poursuites et des réformes nécessaires pour que le crime d’agression devienne plus effectif. L’implication de figures africaines dans ce processus pourrait avoir un impact significatif sur les discussions, notamment pour mieux équilibrer les intérêts internationaux et africains.
Les nominations de Monageng et Ankumah renforcent la voix africaine au sein de la CPI, un élément essentiel pour certains analystes qui estiment que l’Afrique devrait avoir une place plus significative dans les décisions prises par la Cour. Le choix de ces deux personnalités, respectées pour leur expertise juridique, pourrait marquer un tournant dans l’engagement de la CPI envers les préoccupations du continent, tout en apportant des solutions pragmatiques aux défis de la justice internationale.
Les juristes africaines en question ont longtemps plaidé pour une réforme du système judiciaire international. Evelyn Ankumah, en particulier, a été une fervente défenseure de la révision du crime d’agression, un sujet qui sera abordé lors de la prochaine Assemblée. Cette initiative pourrait, selon certains observateurs, permettre de mieux lutter contre l’impunité au niveau mondial, tout en renforçant la légitimité de la CPI sur le continent africain, dans un contexte où la coopération avec la Cour reste parfois fragile.