L’Assemblée nationale de Djibouti a voté, lundi 27 octobre, la suppression de la limite d’âge de 75 ans pour les candidats à la présidence. Cette réforme constitutionnelle, adoptée à l’unanimité, permet désormais au président Ismaïl Omar Guelleh, 77 ans, de briguer un nouveau mandat lors de la présidentielle prévue en avril 2026. En poste depuis 1999, le chef de l’État n’a pas encore annoncé ses intentions, mais ce changement alimente déjà les spéculations sur une continuité du pouvoir.
Selon les dispositions légales, la réforme devra encore être confirmée par un second vote prévu le 2 novembre ou soumise à un référendum national, à l’initiative du président. Mais pour ses détracteurs, cette procédure n’a rien de démocratique. L’opposition accuse le Parlement, largement acquis au pouvoir, d’avoir agi sur ordre de l’exécutif. L’ancien conseiller présidentiel Alexis Mohamed, qui avait quitté ses fonctions en septembre en dénonçant un « recul démocratique », a parlé d’un « putsch législatif » mené par une assemblée « illégitime ».
Depuis plus de deux décennies, le régime d’Ismaïl Omar Guelleh s’est imposé par une stabilité autoritaire. Les réformes constitutionnelles successives ont déjà permis au président de prolonger ses mandats, tandis que l’opposition reste marginalisée. Le scrutin législatif de 2023, boycotté par plusieurs partis, avait confirmé la mainmise du parti au pouvoir, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), sur les institutions. Dans ce contexte, la suppression de la limite d’âge est perçue comme un nouvel épisode d’un processus de personnalisation du pouvoir.
Alexis Mohamed, désormais figure critique du régime, appelle à soumettre la réforme à un référendum. Selon lui, seule une consultation populaire permettrait de mesurer la véritable légitimité du président et de son projet de révision. « Je le mets au défi de se confronter à l’expression populaire », déclare-t-il, estimant que le vote parlementaire ne reflète pas la volonté du peuple djiboutien. L’ancien conseiller accuse également l’exécutif d’avoir transformé le Parlement en simple chambre d’enregistrement des décisions présidentielles.
À dix-huit mois du scrutin, la scène politique djiboutienne semble figée. Si Ismaïl Omar Guelleh décidait de se représenter, il entamerait un sixième mandat, consolidant un pouvoir déjà marqué par l’absence d’alternance depuis 45 ans. Mais des signes de contestation émergent, notamment parmi la diaspora et certaines franges de la société civile, qui réclament plus de transparence et de participation. Le régime, quant à lui, continue de miser sur la stabilité et le développement économique pour justifier sa longévité.



