Il s’agit des déplacés internes et des populations hôtes vulnérables bénéficiaires du projet du projet d’assistance à l’identité légale mis en œuvre par le Bunec et l’Oim.
« Je suis un technicien en agriculture et j’ai quitté mon village non loin de Bamenda où je vivais avec ma femme et mes enfants en 2019 au début de la crise pour m’installer à Bertoua. En tant que chrétien de l’église presbytérienne, j’ai écouté le communiqué envoyé par l’OIM à l’église invitant les personnes désireuses d’établir gratuitement de nouveaux actes de naissance à se rapprocher de leur bureau. J’y suis allé et quelques mois plus tard, je suis très heureux d’avoir de nouveau un acte de naissance », témoigne fièrement Leonard Kang Geh, la trentaine révolue, heureux bénéficiaire du projet d’assistance à l’identité légale aux personnes déplacées internes et populations hôtes vulnérables, qui s’est achevé le 23 avril dernier par une cérémonie de remise officielle d’actes de naissance à 507 personnes, tenue dans la salle de conférences de la délégation régionale de la fonction publique de l’Est Cameroun.
Le projet parvenu à terme à l’Est est mis en œuvre par le Bureau national de l’état civil (BUNEC) et par l’Organisation internationale de la migration (OIM) dans 05 Régions, notamment l’Est, le Centre et le Littoral pour les régions d’accueil, le Nord-Ouest et le Sud-ouest pour les Régions d’origine des déplacés internes. « En effet, à partir de l’année 2018, les Agences régionales du BUNEC des principales régions d’accueil des personnes ayant fui les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, du fait de la crise sociopolitique, ont commencé à recevoir ces populations confrontées au défaut de documents d’état civil. Le groupe le plus à plaindre fut les élèves qui ployaient sous la menace d’années blanches, du fait de la non-présentation d’actes de naissance et par ricochet de dépôt des dossiers d’examens et de concours. Dès lors, la réflexion a reposé, non pas sur la nécessité voire la possibilité de leur apporter des solutions, mais sur le choix de la méthode la plus légale et efficace pour le faire. L’option judiciaire a ainsi été préférée à la reconstitution administrative du fait de la définition même de la situation de crise sociale et non de guerre, qui se vit dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest », explique le Chef d’agence régional du bunec pour l’Est, Etienne Christian Bindzi Bindzi, qui ajoute, que sous la pression grandissante des compatriotes en situation de déplacement interne forcé, le Bunec a tendu la main aux partenaires et au deuxième trimestre de l’année 2023 suite à l’installation de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) dans la région de l’Est, cette préoccupation a été réactivée et transformée en priorité par les deux parties. Ainsi, d’après Yveline Obam, Assistante de projet OIM, plus de 400 victimes de la crise sociale dans les régions anglophones et 100 personnes de la communauté hôte vulnérable ont accédé à la documentation civile durant la mise en œuvre du projet. « J’exprime ma gratitude à la coopération française, qui a mis les ressources nécessaires à notre disposition pour réaliser cette initiative », conclut l’Assistante de projet Oim.
Dans la pratique, il a été question de cibler les zones d’intervention dans la région de l’Est, à savoir Ouli, Bengue-Tiko, Boutila, Doumé, Dimako, Garoua-Boulaï, Messok, Mombal, Sabal, Détoidio, Abo et Nandoungue entre autres. « Pour les régions anglophones, il s’est posé un problème de compétence territoriale. D’où l’urgence de la collaboration entre les agences et des descentes sur le terrain. La tâche était ardue et bien que parvenu au terme du projet, les personnes affluent. Nous avons déjà plus de 900 demandes enregistrés et en attente d’enrôlement », plaide Bertrand Enama Enama, point focal du projet à l’agence régional du Bunec pour l’Est, qui espère l’implémentation de sa seconde phase.
Le Secrétaire général des services du gouverneur de la région de l’Est Nguia Beina, qui présidait cette cérémonie a invité les bénéficiaires à faire bon usage de leurs actes de naissance. Qu’ils servent véritablement à l’exercice de leurs droits sociaux, politiques et économiques tels que la scolarisation des enfants, l’accès aux services de santé, l’établissement des pièces d’identité et l’inscription sur les listes électorales.
Emeline DJAYOU NNANG.