Trois jours après avoir discuté avec Vladimir Poutine en Alaska, Donald Trump a reçu Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche. Dans un Bureau ovale soigneusement redécoré, le président américain a affiché une gravité calculée et multiplié les gestes de proximité envers son homologue ukrainien. Derrière cette mise en scène, une réalité brutale : Zelensky est placé devant des choix douloureux, dont celui d’accepter des concessions territoriales pour obtenir la protection américaine et espérer une paix négociée.
La scène contrastait fortement avec celle de février dernier, où Trump avait publiquement humilié Zelensky pour sa tenue militaire. Cette fois, le président américain a félicité son invité pour son costume noir, tandis que le chef de l’État ukrainien, soucieux des apparences, a multiplié les remerciements, y compris à Melania Trump. Zelensky, conscient de l’importance des symboles dans l’entourage trumpien, a même remis une lettre de son épouse à la First lady. Le ton, beaucoup plus cordial, marquait un virage notable par rapport aux échanges tendus des mois précédents.
La rencontre intervient après trois ans et demi de guerre en Ukraine, un conflit enlisé où les pertes s’accumulent sans victoire décisive. Trump affirme croire à la possibilité d’un accord, convaincu que Poutine accepterait une paix si Kiev cède au moins le Donbass. Une grande carte de l’Ukraine, installée pour l’occasion dans le Bureau ovale, rappelait les territoires déjà conquis par Moscou. Derrière ce décor, la pression sur Zelensky est immense : accepter une paix imposée ou continuer une guerre dont l’issue reste incertaine.
Trump a évoqué des « aides » et une « protection » renforcée pour l’Ukraine, sans en préciser la nature ni l’ampleur. Il a assuré que les Européens seraient « en première ligne » mais qu’ils seraient soutenus par Washington. Dans le même temps, il a répété qu’un cessez-le-feu n’était pas nécessaire avant d’envisager un accord de paix. Cette position a été immédiatement nuancée par certains alliés européens, notamment le chancelier allemand Friedrich Merz, qui voit au contraire un cessez-le-feu comme un préalable indispensable.
Trump imagine désormais un sommet trilatéral avec Poutine et Zelensky, qui scellerait une sortie de guerre par une poignée de mains. Zelensky, soucieux de ne pas perdre l’appui de Washington, a affiché sa disponibilité, malgré ses récentes déclarations martiales affirmant que la Russie ne cède que face à la force. Cette ambiguïté illustre la stratégie du président ukrainien : ménager Trump pour maintenir l’aide américaine, tout en se présentant encore comme un dirigeant de guerre déterminé face à Moscou.
Autour de la table, les principaux dirigeants européens – Emmanuel Macron, Keir Starmer, Giorgia Meloni, Alexander Stubb, Ursula von der Leyen et Mark Rutte – ont assisté à ces échanges. Leur présence traduit l’inquiétude d’un continent directement exposé aux conséquences du conflit. Mais malgré les déclarations d’unité, les divergences demeurent : Washington veut aller vite, quitte à imposer une paix déséquilibrée, tandis que plusieurs capitales européennes insistent sur la nécessité d’un cadre plus solide, fondé sur le droit international et la sécurité collective.