Après la nomination à Matignon d’Élisabeth Borne, première femme à la tête d’un gouvernement français depuis Édith Cresson, en 1991, les réactions politiques sont nombreuses, dans l’opposition. À peine arrivée, la nouvelle Première ministre, qui doit encore constituer sa future équipe, fait aussi face à l’étape cruciale des législatives. La campagne bat son plein, et les premières attaques n’ont pas tardé.
Ancien candidat à la présidentielle, Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire national du Parti communiste français (PCF), sonne la charge. « Je crains que le président de la République ait trouvé en Madame Borne sa nouvelle Madame Thatcher », a-t-il lancé sur la radio RTL ce lundi.
Et d’appeler les électeurs, via le réseau social Twitter, à privilégier la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes), l’alliance trouvée entre son parti, les insoumis de Jean-Luc Mélenchon, le Part socialiste et Europe écologie-Les Verts, à l’occasion des élections législatives prévues le mois prochain.
70% des Français ne veulent pas de la réforme des retraites proposée par Macron.
Elisabeth Borne devrait penser à ces ouvriers qui ont une espérance de vie en bonne santé de 59 ans.
Nous pouvons faire barrage à cette politique aux élections législatives. @RTLFrance
— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) May 16, 2022
Même son de cloche du côté du PS, où le premier secrétaire Olivier Faure ne trouve qu’un « point positif » dans cette nomination, à savoir qu’une femme va occuper le poste de Premier ministre. « Pour le reste… Nomination de la ministre des Transports qui a démantelé le service public ferroviaire, de l’Écologie condamnée pour inaction climatique, du Travail qui a spolié les chômeurs avec la réforme de l’assurance chômage #BorneOut », considère-t-il.
Faux suspens sur la nomination du prochain premier ministre. Spoiler : quel que soit son genre et sa trajectoire politique, ce sera un collaborateur et le pouvoir demeurera à l’Elysée. Seule la #NUPES peut redonner un sens à cette nomination. #Matignon #PremierMinistre
— Olivier Faure (@faureolivier) May 16, 2022
Pour Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, les écologistes ne peuvent « que se réjouir de voir, pour la seconde fois dans l’histoire de la cinquième République, une femme accéder à Matignon ». Sauf que l’heureuse élue, à ses yeux, « que ce soit en tant que ministre de l’Écologie ou ministre des Transports, a échoué à mettre la France sur la trajectoire nécessaire pour respecter l’Accord de Paris ». « Elle partage, avec d’autres, la responsabilité de ces cinq ans de perdus pour le climat. »
Elisabeth #Borne : une Première ministre, enfin.
Mais c’est bien le seul motif de satisfaction.
Son bilan à l’Ecologie c’est la double condamnation de la France pour inaction climatique.
Pour le climat et la justice sociale votez #NUPES #legislatives2022— Julien Bayou (@julienbayou) May 16, 2022
Mélenchon s’exprime publiquement
Candidat déclaré pour prendre la place de Mme Borne après les législatives au nom de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé ce lundi devant la presse. « Sa nomination commence dès les premiers instants par une tentative de tromperie, Mme Borne serait une femme de gauche », mais « nous ne lui accordons pas ce label », a-t-il affirmé.
« Je propose à Mme Borne un débat afin de discuter de la politique qu’elle veut mettre en œuvre et du bilan qu’elle a déjà », a aussi déclaré le dirigeant de La France insoumise, citant plusieurs réformes portées par l’ancienne ministre, dont l’ouverture à la concurrence du rail. Il a dit la tenir « personnellement responsable qu’un million de chômeurs aient leur allocation baissée », responsable de « la réduction des droits des travailleurs », sans compter qu’elle s’est « prononcée pour la retraite à 65 ans ».
« Pour ce qui concerne l’écologie, on n’en fera pas une liste si longue, mais c’est elle qui a fait reporter de dix ans l’entrée dans le mix énergétique, donc la fin du nucléaire, et fait reporter la fin de l’usage unique des objets en plastique », a énuméré celui qui est arrivé troisième à la présidentielle.
Une nouvelle saison de maltraitance sociale et écologique commence. Élisabeth Borne incarne la continuité de la politique du président de la République. Elle est l’une des figures les plus dures de la maltraitance sociale macroniste.#Matignon #PremierMinistre pic.twitter.com/Ew7prR9kEa
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) May 16, 2022
Deux sons de cloche à droite
À droite, Nadine Morano, députée européenne Les Républicains, estime que Mme Borne est « à gauche, aux ordres, et pas d’ombre au président… le profil idéal. » Tandis qu’Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, voit dans la nouvelle Première ministre « une technocrate socialiste ». « Retour à la case départ, il a commencé à gauche et terminera à gauche. Humiliation pour ceux qui pensaient qu’il allait faire une politique de droite », écrit l’ancien candidat à la primaire de la droite.
Le patron du parti Les Républicains sur Twitter.
Tout changer pour ne rien changer.
3 semaines de tergiversations et de petits arrangements, sans vision ni perspective.Avec la nomination d’@Elisabeth_Borne, on repart avec les mêmes.
— Christian JACOB (@ChJacob77) May 16, 2022
Pour Éric Zemmour (Reconquête !), autre ancien candidat à la présidentielle et qui a récemment annoncé sa candidature aux législatives dans le Var, « 2022 sera donc l’année de la soumission à la gauche ».
2022 sera donc l’année de la soumission à la gauche.
Macron nomme à Matignon un Premier ministre de gauche. Mélenchon unit la gauche. Le Pen drague la gauche. LR se soumet à la gauche.
Seul @Reconquete_off résiste et assume d’être le grand mouvement populaire de droite. https://t.co/WRAicUgXe7
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) May 16, 2022
En revanche, les ralliés à la Macronie rendent hommage à la nouvelle cheffe du gouvernement. Christian Estrosi, maire ex-LR de Nice : « La grande connaissance des territoires d’Élisabeth Borne sera précieuse à la conduite des affaires de notre pays. Dans ses responsabilités antérieures et dans ses cinq années au gouvernement, elle a su se montrer très à l’écoute des élus locaux. »
Renaud Muselier évoque « une excellente nouvelle pour la France. Pendant cinq ans, sur les thématiques des transports, de l’environnement comme de l’emploi, j’ai pu mesurer sa compétence et son engagement pour la France. » Plus surprenant, l’ancienne candidate du parti Les Républicains à la présidentielle, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, adresse toutes ses « félicitations républicaines » à Mme Borne, lui souhaitant « le meilleur pour la France ».
Enfin, Marine Le Pen a bien sûr réagi aussi. Pas de félicitations républicaines du côté de l’ancienne finaliste des deux dernières présidentielles, elle-même en pleine campagne pour les législatives au nom de son parti, le Rassemblement national, qui espère augmenter sensiblement son nombre de députés dans la future Assemblée nationale, à défaut d’avoir exprimé l’ambition de s’y imposer.
En nommant Elisabeth Borne comme Premier Ministre, Emmanuel Macron démontre son incapacité à rassembler et la volonté de poursuivre sa politique de mépris, de déconstruction de l’État, de saccage social, de racket fiscal et de laxisme.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) May 16, 2022
Pas de quartier non plus du côté de Nicolas Dupont-Aignan, autre candidat malheureux de la dernière présidentielle, éliminé au premier tour et qui appelle, pour sa part, à ne pas donner de majorité à Élisabeth Borne, au palais Bourbon. Réponse des citoyens français au mois de juin.
#Borne à #Matignon ! Fidèle de Kholer (SG de l’Elysée), responsable du scandaleux protocole de 2015 sur les autoroutes et de la réforme catastrophique de l’assurance chômage… conflits d’intérêts au sommet et retraite à 65 ans en perspective ! Ne leur donnons pas une majorité !
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) May 16, 2022