Les dernières violences au Sénégal ont causé la mort de quinze personnes et entraîné environ 500 arrestations à Dakar et Ziguinchor, dans le sud du pays. Ces incidents font suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». Les camps politiques s’accusent mutuellement de la responsabilité de ces violences.
Le gouvernement soutient que ces actes de vandalisme n’ont aucun lien avec des manifestations politiques. Il insiste sur les saccages et pillages survenus ces derniers jours. Le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, qui avait engagé des poursuites judiciaires contre Ousmane Sonko pour « diffamation », a déclaré avec véhémence au siège du parti présidentiel que des « étrangers » se cachaient derrière les manifestants. Il a ajouté que les Sénégalais, en particulier la jeunesse, prendraient leurs responsabilités pour faire face à ces envahisseurs et aux politiciens lâches qui ont créé ces situations et qui ont fui. Il a promis que la population s’organisera quartier par quartier pour faire face à cette situation.
Le ministre de l’Intérieur évoque quant à lui la présence de « forces occultes » parmi les manifestants, sans toutefois donner plus de détails. Il souligne que le pays a été la cible d’attaques de la part de ces forces occultes, comme il l’avait déjà mentionné en 2021, ce qui avait suscité des critiques à l’époque. Selon lui, les événements récents ont ouvert les yeux des plus sceptiques sur cette réalité. Il ajoute qu’il y a eu une volonté manifeste de perturber le fonctionnement normal de l’activité économique du pays, en ciblant notamment des infrastructures vitales.
Dans ce contexte, le maire de Dakar, Barthelemy Dias, membre de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi, qui s’était récemment distancié d’Ousmane Sonko, dénonce une « parodie de justice » concernant la condamnation du leader du parti Pastef. Il interpelle directement le président Macky Sall, l’exhortant à prendre ses responsabilités et à s’adresser au peuple sénégalais. Il met en garde contre la tentation de vouloir briguer un troisième mandat et souligne que le président n’a pas le droit d’éliminer ses adversaires politiques, appelant à préserver l’intégrité du pays.
Ziguinchor est l’une des villes les plus touchées par les émeutes, avec un bilan officiel de cinq morts et d’importants dégâts matériels.