La guerre dans le Tigré aurait fait « environ 600 000 morts ». C’est du moins l’opinion exprimée par le médiateur de l’Union africaine (UA), l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, dans une interview au quotidien Financial Times, lundi 16 janvier. Un chiffre important pour une province de quatre millions d’habitants, selon un observateur de la situation en Éthiopie, mais sans doute aussi sous-estimé par rapport à la réalité.
Environ 600 000 morts, pour 500 000 combattants réguliers envoyés sur les lignes de front ; 600 000 morts sur un territoire montagneux et rural, grand comme l’Autriche, soit autant que la guerre civile espagnole de 1936. Le chiffre avancé par le médiateur de l’Union africaine, Olusegun Obasanjo, qui correspond à celui établi en octobre 2022 par l’université de Gand, signale bien la guerre dans le Tigré comme étant « l’un des conflits des plus meurtriers du monde » d’aujourd’hui, selon l’International Crisis Group et Amnesty International.
« Sidérant »
Et pourtant, même s’il est « sidérant », selon un analyste européen, il est sans doute inférieur à la réalité. Car il ne prend sans doute pas en compte les « morts indirectes », c’est-à-dire les civils tués par la famine et la maladie. Étant donné le blocus humanitaire du Tigré pendant deux ans, ceux-là se comptent en milliers eux aussi.
« Ce chiffre de 600 000 morts est problématique », confirme un autre chercheur spécialisé sur le Tigré, car « il ne précise pas qui est comptabilisé : seulement les Tigréens, civils et combattants ? Mais alors, dit-il, il faut ajouter les morts de l’armée fédérale, de l’armée érythréenne et des paramilitaires amharas et afars ».
« Prudence »
Le président de la Commission éthiopienne des droits de l’homme Daniel Bekele se désole : « Nous ne pourrons probablement pas connaître le nombre total de victimes », a-t-il dit au Financial Times, tout en conseillant « la prudence ». L’agence de coordination humanitaire de l’ONU, de son côté, a dit à RFI « ne pas disposer d’un bilan précis ».