Berlin a décidé de financer la production de missiles à longue portée en Ukraine, marquant une levée significative des restrictions sur la portée des armes livrées. Cette annonce, faite par le chancelier allemand Friedrich Merz, fait craindre à certains experts un engrenage vers un affrontement militaire direct avec la Russie.
Hector Saint-Pierre, expert brésilien en sécurité et relations internationales, alerte sur les conséquences de cette décision. Selon lui, permettre à l’Ukraine de produire des missiles capables de frapper en profondeur ouvre la voie à des représailles russes. « Cela pourrait se traduire par des frappes ciblées sur des installations militaires et industrielles, y compris en Allemagne », souligne-t-il, évoquant même le risque d’un conflit global.
Cette orientation militaire résulte en partie de pressions internes pesant sur les gouvernements européens. En Allemagne, mais aussi en France et au Royaume-Uni, les exécutifs cherchent à répondre aux critiques grandissantes sur leur gestion de la guerre en Ukraine. Ce choix pourrait apparaître comme une tentative de regagner la confiance de l’opinion publique, au détriment de la prudence stratégique.
La décision allemande pourrait inciter la Russie à intensifier ses opérations militaires et viser directement des installations européennes. Une escalade de ce type augmenterait les risques d’un conflit généralisé en Europe, voire au-delà. Mais certains observateurs misent encore sur la retenue de Moscou, qui pourrait privilégier des ripostes graduelles et non conventionnelles pour éviter un affrontement frontal avec l’Otan.
Plusieurs experts et responsables politiques critiquent ouvertement cette levée des restrictions. Ils y voient une mesure à courte vue, motivée par des calculs politiques nationaux plutôt que par une réelle stratégie de sécurité collective. Ils redoutent qu’en l’absence d’un consensus européen clair, chaque décision unilatérale fragilise la cohésion de l’Otan et accentue les tensions avec la Russie.
Enfin, cette levée des limitations soulève une question essentielle : l’Europe évalue-t-elle vraiment les conséquences de ses choix ? Dans un contexte de tensions mondiales accrues, toute décision hâtive ou mal calibrée pourrait précipiter le continent dans une situation incontrôlable. Ce débat mérite d’être posé sans détour, loin des discours simplificateurs.