Un rapport récent des Nations unies met en lumière l’accroissement de l’emprise du M23, soutenu par le Rwanda, sur les ressources minières de l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Les experts soulignent l’exploitation massive du coltan à Rubaya, un site stratégique conquis par le groupe rebelle en avril 2024, qui alimente une économie parallèle et finance leurs opérations.
Selon les experts onusiens, le M23 exporte environ 120 tonnes de coltan par mois depuis Rubaya, un des sites les plus riches en ce minerai indispensable à l’électronique moderne. Le groupe rebelle a mis en place une administration parallèle pour superviser l’extraction, le commerce et le transport du minerai. Les taxes imposées aux creuseurs, commerçants et transporteurs rapportent environ 800 000 dollars mensuels, consolidant le pouvoir financier de la rébellion.
Le coltan, composé de tantale et de niobium, est crucial pour la fabrication des condensateurs miniaturisés utilisés dans les téléphones, ordinateurs et appareils sans fil. Avant la prise de Rubaya par le M23, le secteur minier contribuait à plus de 40 % au budget de la province du Nord-Kivu. Aujourd’hui, la production locale a chuté de 100 tonnes par mois, entraînant une perte estimée à 7 millions de dollars pour la région.
La domination du M23 sur Rubaya illustre un modèle économique permettant au groupe de financer ses opérations tout en affaiblissant les institutions locales. Cette situation exacerbe les tensions économiques et sociales dans une région déjà marquée par des décennies de conflits. La poursuite de cette exploitation minière sous contrôle rebelle pose également un défi à la stabilité et à la souveraineté de la RDC.
Jean-Paul Okenda, expert en gouvernance minière, souligne que cette exploitation répond à un objectif stratégique du Rwanda : alléger le coût de son soutien au M23 tout en renforçant les capacités économiques de la rébellion. Cette dépendance à l’égard des ressources congolaises confirme les accusations récurrentes de Kigali impliqué dans les conflits de l’est de la RDC.
Les richesses minières de la RDC, au lieu de bénéficier à sa population, continuent d’alimenter des conflits armés et des réseaux illicites. Le contrôle du coltan par le M23 met en évidence la nécessité pour la communauté internationale d’intervenir pour réguler les chaînes d’approvisionnement en minerais stratégiques, essentiels à l’économie mondiale.