Au Cameroun, plusieurs sujets du baccalauréat général ont fuité sur les réseaux sociaux dès le matin des épreuves, notamment en mathématiques et en anglais. Une semaine après les faits, ni l’Office du baccalauréat ni le ministère de l’Enseignement secondaire n’ont réagi. Ce mutisme provoque la colère du Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (Seca), qui y voit une attitude « méprisante et révoltante ».
Pour Samoury Touré Tenkeng, secrétaire national du Seca, le silence des autorités s’explique par des raisons budgétaires. « Ils savent que s’ils reconnaissent la fuite, ils devront refaire les épreuves, mobiliser à nouveau les enseignants pour la surveillance et la correction, alors qu’ils sont déjà endettés envers ces derniers depuis l’année dernière », déclare-t-il. Le syndicat craint que l’État cherche à étouffer l’affaire pour éviter des dépenses supplémentaires.
Les fuites d’épreuves ne sont pas un phénomène nouveau au Cameroun. Mais cette fois, elles interviennent dans un climat tendu, où les enseignants dénoncent régulièrement des retards de salaires, un manque de moyens et une gestion opaque des examens officiels. Le silence prolongé des institutions renforce la méfiance vis-à-vis d’un système éducatif déjà fragilisé par des problèmes structurels.
Le Seca exige une enquête indépendante pour identifier les responsables de la fuite, ainsi que la reprise des deux épreuves concernées. Selon lui, maintenir les résultats tels quels reviendrait à valider une fraude au détriment des candidats honnêtes. « Cela entache la valeur du diplôme. Les élèves savent qu’à côté d’eux, certains ont triché et réussi. C’est une profonde injustice », déplore Touré Tenkeng.
Au-delà de la seule session du bac 2025, l’enjeu est celui de la crédibilité de tout le système éducatif camerounais. Pour de nombreux enseignants et élèves, le diplôme perd de sa valeur si les autorités ne garantissent pas l’équité des épreuves. Le risque est aussi diplomatique : à l’international, les universités pourraient douter de la validité des résultats issus d’un système perçu comme corrompu ou négligent.