Au Gabon, un projet de Constitution fuitant sur les réseaux sociaux suscite de vives réactions de la part de la classe politique. Le texte, soutenu par les militaires au pouvoir, sera soumis à un référendum avant la fin de l’année. Il propose un mandat présidentiel de 7 ans renouvelable une fois, tout en imposant des restrictions d’âge pour les candidats à la présidentielle, entre 35 et 70 ans. Les partisans des militaires encouragent vivement le vote pour le « oui », tandis que l’opposition dénonce un projet conçu pour favoriser l’actuel leader, le général Oligui Nguéma.
Selon les partisans des militaires, le projet de Constitution est une réponse aux aspirations des Gabonais. Gervais Oniane, président de l’Union pour la République (UPR) et ancien candidat à la présidentielle, fait partie des figures influentes qui soutiennent ce texte. Pour lui, cette nouvelle Constitution est nécessaire pour renforcer le régime présidentiel, tout en limitant la nationalité des candidats aux Gabonais nés de père et de mère gabonais. Il appelle ainsi tous les citoyens à voter massivement en faveur du « oui » lors du prochain référendum.
Dans le contexte actuel, ce projet suscite des réactions mitigées. Alors que les soutiens des militaires se mobilisent pour défendre les nouvelles dispositions, certains opposants, comme Pierre Claver Maganga Moussavou, ancien ministre et critique de longue date du régime, expriment leur méfiance. Ils estiment que ce projet de Constitution, jugé trop favorable au général Oligui Nguéma, vise à concentrer le pouvoir dans les mains d’un seul homme et à instaurer une forme de dictature déguisée.
Les critiques pointent également la suppression du poste de Premier ministre, prévue par le nouveau texte constitutionnel. Certains, comme Emmanuel Edou Eyene, chef du parti Alliance patriotique, se montrent favorables à cette mesure, arguant que le véritable enjeu réside dans l’approbation globale du projet par le Parlement gabonais. Toutefois, la suppression de ce poste clé divise l’opinion publique et accroît la polarisation politique avant le référendum.
L’opposition, qui se structure autour de figures historiques, prépare d’ores et déjà une campagne active pour s’opposer à ce texte. Si le projet de Constitution est validé par le Parlement, ils mèneront campagne pour le « non », affirmant que la réforme proposée pourrait compromettre l’équilibre démocratique du pays. La tension politique est donc palpable à l’approche de cette échéance cruciale pour l’avenir du Gabon.
Les perspectives sont incertaines, car le résultat du référendum pourrait profondément redéfinir le système politique gabonais. Si le « oui » l’emporte, le général Oligui Nguéma pourrait consolider son pouvoir et redéfinir les règles de la présidence gabonaise pour les années à venir. Toutefois, une victoire du « non » marquerait un revers pour les militaires au pouvoir, ouvrant la voie à de nouveaux débats sur l’avenir du pays.