À moins de deux mois des élections législatives et locales prévues au Gabon le 27 septembre, le nouveau parti du président Brice Oligui Nguema, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), affiche des ambitions sans limite. Créée il y a tout juste un mois, cette formation entend présenter des candidats dans les 145 circonscriptions législatives et aux 122 conseils locaux. Aucun autre parti, y compris les alliés du chef de la transition, ne semble en mesure de rivaliser avec cette offensive politique d’ampleur.
Parmi les 412 candidats déjà dévoilés, plusieurs ministres en poste et figures proches de l’ancien régime ont rejoint l’UDB, parfois après une simple reconversion post-coup d’État. Des personnalités issues de la société civile, comme Georges Mpaga et Marc Ona Essangui, affichent également leur ralliement au nom du renouvellement. L’UDB a même absorbé des micro-formations politiques comme Union nationale initiale, dont elle a repris les dirigeants. En s’arrogeant ainsi les structures et les visibilités, le parti construit méthodiquement un appareil électoral qui écrase toute concurrence.
Depuis le renversement du régime Bongo en août 2023, la transition conduite par le général Oligui Nguema a ouvert un champ politique mouvant, mais où l’UDB s’impose comme le pivot central. Le parti capitalise sur le vide laissé par la chute du Parti démocratique gabonais (PDG), dont l’avenir reste suspendu à une décision de la Cour constitutionnelle, en raison d’une crise interne de leadership. Cette incertitude pourrait priver le PDG d’une participation effective au scrutin, écartant ainsi un acteur de poids du paysage politique.
Même les partis proches du pouvoir en place, comme le RPM d’Alexandre Barro Chambrier ou l’Union nationale de Paulette Missambo, devront batailler pour exister face à l’UDB. Faute de moyens ou d’appareil, plusieurs formations limitent leurs ambitions : l’Union nationale sera présente dans 80 circonscriptions, le Front démocratique socialiste dans une trentaine. Ces acteurs misent sur la notoriété locale de certains candidats pour espérer contrer la machine UDB.
Dans le camp de la nouvelle opposition, la dynamique est hésitante. Le parti Ensemble pour le Gabon, fondé par Alain-Claude Billie-By-Nze, ne participera que dans une trentaine de circonscriptions. Il a obtenu son récépissé de reconnaissance légale à la dernière minute, le 5 août, ce qui illustre à la fois l’instabilité du contexte et la précipitation des préparatifs. La majorité des formations d’opposition, souvent désorganisées ou affaiblies, peinent à s’imposer comme alternatives crédibles.
Derrière l’ouverture démocratique promise, la transition orchestrée par Oligui Nguema semble surtout consolider un pouvoir centralisé autour de son nouveau parti. En plaçant l’UDB au cœur du jeu, le président de transition prépare les élections à venir comme un plébiscite organisé, plus qu’un scrutin pluraliste. L’hégémonie annoncée de l’UDB interroge sur la sincérité du processus de transition, dans un pays toujours marqué par des décennies de régime autoritaire.