Ce 21 juillet à Libreville, le siège du Parti démocratique gabonais (PDG) est devenu l’enjeu d’une confrontation ouverte entre deux factions rivales. D’un côté, les cadres fidèles à Ali Bongo, président déchu mais toujours actif depuis son exil londonien. De l’autre, les dirigeants issus d’un congrès organisé en janvier 2025, avec le soutien tacite des autorités militaires au pouvoir. Tous deux se disputent la légitimité et le droit d’occuper le QG de l’ancien parti unique.
Les partisans d’Ali Bongo, emmenés par Arthur Benga Ndjémé, bras droit d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue (Secrétaire général désigné par Bongo), ont annoncé leur intention de tenir une réunion au siège du PDG à Libreville. Objectif : affirmer leur autorité sur le parti et se coordonner pour les échéances à venir. Mais le bâtiment est déjà sous le contrôle de la direction concurrente, conduite par Blaise Louembé et Angélique Ngoma, respectivement président et secrétaire générale élus en janvier. Ils se disent les seuls légitimes. Si l’accès est refusé, un constat d’huissier est prévu.
Depuis le coup d’État militaire du 30 août 2023 ayant renversé Ali Bongo Ondimba, le PDG est en pleine recomposition. Créé en 1968 par Omar Bongo, le parti a régné sans partage sur le pays pendant plus d’un demi-siècle. Le départ forcé d’Ali Bongo a ouvert une brèche. En janvier 2025, un congrès organisé à Libreville — jugé illégal par les proches de l’ancien président — a désigné une nouvelle direction, en phase avec les nouvelles autorités de transition.
Brice Oligui Nguema, ancien général à la tête du coup d’État et aujourd’hui président élu de transition, garde officiellement ses distances. Mais les signaux sont clairs : la police assure la sécurité du siège pour la direction Louembé-Ngoma, et le pouvoir militaire semble favoriser une rupture nette avec l’héritage Bongo. Cela pourrait préfigurer une stratégie d’assainissement politique avant les futures élections.
En réalité, cette lutte dépasse la simple occupation d’un bâtiment. Elle cristallise l’enjeu de la légitimité dans une ère post-Bongo. Pour Ali Bongo, le PDG reste l’un des derniers leviers politiques à distance. Pour les militaires au pouvoir, il s’agit de tourner la page d’un système discrédité, tout en contrôlant la mue d’un parti historiquement central dans la vie politique gabonaise.
Le PDG, qui fut pendant plus de 50 ans l’appareil central de l’État, se retrouve fragmenté et sans cap clair. Le combat entre anciens et nouveaux dirigeants reflète cette perte d’ancrage. Sans clarification juridique, ni arbitrage officiel, la situation risque de s’enliser. La capacité du PDG à se réinventer ou à imploser dépendra des choix politiques de la transition en cours.