Pour repousser les éléphants et protéger les plantations, des clôtures électriques ont été installées dans plusieurs localités du Gabon. Notamment dans les villages de Bissobinam et No Ayong, situés dans le département de la Noya, dans la province de l’Estuaire au Gabon. Ces dispositifs, produisant des décharges électriques pour effrayer les éléphants, se révèlent efficaces selon les témoignages des habitants locaux.
Minkwé Eugenie, une cultivatrice du village No Ayong, témoigne de l’efficacité des barrières électriques. Depuis leur installation, ses récoltes sont protégées, lui permettant de consommer son manioc et d’envisager l’extension de sa plantation. Hélène Misseng du village Bissobinam confirme cette amélioration, soulignant que les barrières électriques leur offrent désormais la possibilité de se nourrir et de générer des revenus.
« Ces fils électriques ont repoussé des éléphants de ma plantation et depuis un an, je parviens à consommer le peu de manioc que j’ai planté derrière ma maison. J’entrevois même aujourd’hui d’étendre ma plantation et pour cela, je vais une nouvelle fois faire appel à l’équipe du ministère pour qu’on m’installe de nouveau des fils électriques. Je suis contente de ce dispositif, mais, j’aurais souhaité faire de grandes plantations au lieu de me limiter aux petites plantations derrières la maison », témoigne Minkwé Eugenie, dont la plantation de moins d’un hectare dans le village No Ayong a été encerclée par les fils électriques.
« Avant, on souffrait beaucoup à cause de la destruction de nos plantations par les éléphants. Mais, aujourd’hui, grâce à la barrière, on a de quoi se nourrir et gagner un peu d’argent », renchérit Hélène Misseng.
Avant l’installation des clôtures électriques, les éléphants détruisaient régulièrement les plantations des villages, obligeant les habitants à abandonner leurs cultures en forêt pour se rapprocher de leurs habitations. Cette situation réduisait considérablement les surfaces cultivables sécurisées, impactant la production agricole et les moyens de subsistance des agriculteurs locaux.
L’entretien des clôtures électriques est crucial pour leur efficacité. Les fils doivent être régulièrement contrôlés et les herbes coupées pour éviter tout contact qui pourrait réduire la tension. Cependant, cet entretien peut être difficile pour de grandes plantations, poussant certains agriculteurs à se limiter à de petites cultures proches de leurs maisons. « Pour entretenir ce dispositif, il faut couper régulièrement les herbes autour du périmètre de telle sorte que les fils électriques ne soient pas en contact avec aucune herbe et aussi, contrôler la tension des fils de la clôture trois fois par semaine », explique-t-on à Space For Giants (SFG). Un entretien qui, d’après les agriculteurs est difficile à faire dans une grande plantation. « Je n’ai pas les moyens pour entretenir les clôtures si elles sont installées dans la forêt sur un espace plus grand. Raison pour laquelle je me contente de mes petites plantations derrières ma case », regrette Minkwé Eugenie.
Ces clôtures sont installées par l’organisation kényane Space for Giants, en partenariat avec le ministère gabonais des Forêts. Chaque installation comprend une boîte électrique avec un panneau solaire, un contrôleur de charge et un électrificateur. Ce dispositif, respectueux de l’environnement, est inoffensif pour les éléphants tout en étant suffisamment dissuasif, apprend-on.
Depuis mars 2022, environ 300 clôtures électriques mobiles ont été installées au Gabon, avec un taux de succès de plus de 90 %. En 2024, le Gabon prévoit d’ériger plus de 1000 barrières électriques supplémentaires autour des plantations menacées par les éléphants. Ces initiatives montrent une volonté claire de protéger les moyens de subsistance des agriculteurs tout en préservant la faune locale.
Sandrine Gaingne