Le Gabon a franchi un pas significatif dans la réforme de son cadre juridique en modifiant sa charte constitutionnelle, permettant ainsi la nomination d’un ministre de la Défense et de la Sécurité. Cette décision, prise lors d’une session extraordinaire du parlement, marque un tournant dans la gestion des affaires de l’État, auparavant concentrées entre les mains du président de la transition.
La révision de l’article 35 de la charte, instaurée après la prise de pouvoir par les putschistes suite à la chute du président Bongo, a pour objectif de distinguer clairement les fonctions présidentielles des portefeuilles ministériels. Ce changement constitutionnel élimine la précédente ambiguïté où le général Brice Oligui Nguema cumulait les fonctions de président de transition et de ministre, une situation qui avait mené à la nomination controversée de ministres de la Défense et de la Sécurité.
Cette réforme survient après des semaines de contradictions internes au sein du gouvernement, reflétant un désir d’assainir la gestion des affaires de l’État. L’audition critique de la ministre de la Réforme des institutions souligne l’urgence d’une révision exhaustive de la charte pour éviter de futurs conflits et incohérences législatives, critiquées comme étant un “cafouillage total”.
L’ajustement de l’article 35 révèle également une stratégie potentielle du général Oligui Nguema en vue des prochaines échéances politiques, notamment par l’abandon de ses fonctions ministérielles, possiblement dans l’optique d’une future candidature présidentielle. Cette manœuvre est cependant perçue avec scepticisme par certains, qui anticipent une refonte plus globale du cadre constitutionnel à travers un dialogue national.
En désignant le chef de l’État pour toute la durée de la transition, les parlementaires gabonais cherchent à prévenir l’instabilité politique. Cette mesure vise à empêcher les luttes de pouvoir internes susceptibles de déstabiliser le régime, dans un contexte où la concentration des pouvoirs et les ambitions politiques pourraient inciter à des changements abrupts de leadership.
La révision de la charte constitutionnelle du Gabon s’inscrit dans une démarche plus large visant à consolider les institutions et à garantir une gouvernance équilibrée et transparente. Toutefois, les critiques et les interrogations demeurent quant à la capacité du système politique actuel à se réformer de manière cohérente et inclusive, en préparation d’une constitution renouvelée et d’un avenir politique stabilisé pour le Gabon.