Les parlementaires de la transition au Gabon se réunissent en session extraordinaire depuis ce 10 janvier 2025 pour examiner un ambitieux projet de loi portant sur le nouveau code électoral du pays. Fruit des travaux d’un groupe d’experts nommés mi-décembre par le président de la transition, ce texte vise à poser les bases des élections prévues avant la fin de la transition en août prochain. Encadré par la ministre de la Réforme des institutions, Murielle Minkoué, ce projet marque une étape cruciale dans le processus de normalisation politique du pays.
Ce projet de loi, composé de 383 articles répartis en quatre livres, 18 titres et 58 chapitres, devra être examiné et adopté en seulement dix jours. Cette contrainte de temps suscite des interrogations parmi les députés et sénateurs, qui redoutent de ne pouvoir jouer pleinement leur rôle d’analyse et d’amendement sur un texte déterminant pour la suite de la transition. Certains critiquent un possible « enregistrement automatique », éloigné de l’examen minutieux qu’une telle loi requiert.
Depuis le renversement d’Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023, le Gabon est engagé dans une transition politique inédite. Le gouvernement actuel a promis que les prochaines élections seront « libres, transparentes et démocratiques ». Ce projet de loi inclut la création de l’Autorité de contrôle et de supervision des élections et du référendum (ACSE), une instance indépendante composée de personnalités impartiales et compétentes, chargée de prévenir et corriger d’éventuelles irrégularités.
En plus de garantir l’intégrité électorale, le projet introduit des quotas obligatoires dans les listes de candidats, exigeant au moins 30 % de femmes et 20 % de jeunes. Il prévoit aussi un accès équitable des candidats aux médias publics, un plafonnement et un contrôle des dépenses de campagne, ainsi qu’une fiabilisation du fichier électoral biométrique. Ces mesures visent à instaurer des élections plus inclusives et équitables.
Initialement prévu pour être débattu jusqu’à mi-mars, le code électoral doit être adopté d’ici la fin janvier. En parallèle, la révision de la liste électorale a commencé le 2 janvier 2025 et s’achèvera dans les prochaines semaines. Ces délais serrés illustrent la volonté des autorités de respecter le chronogramme de la transition tout en relevant les défis liés à cette période cruciale.
Si ce projet de loi est adopté, il constituera un pilier essentiel pour renforcer la crédibilité des institutions gabonaises. Toutefois, les doutes sur la capacité des parlementaires à effectuer un examen approfondi restent vifs. Les prochaines étapes seront décisives pour rassurer la communauté internationale et répondre aux attentes des citoyens gabonais.