Au Gabon, depuis le coup d’État fin août ayant renversé le président Bongo, la transition politique est en cours. La question cruciale qui préoccupe actuellement le pays est la durée de cette transition inédite.
Le général Oligui Nguema, actuel détenteur du pouvoir, a laissé entendre que la durée de la transition devrait être décidée par les forces vives du pays. Plusieurs propositions sont sur la table, mais la période de deux ans revient le plus fréquemment. Le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, considère cette période comme un “objectif raisonnable” pour mener à bien la transition politique. Cependant, la décision finale quant à sa durée sera prise lors d’une grande conférence nationale, qui se tiendra ultérieurement.
Le contexte qui entoure cette transition est marqué par la nécessité de démanteler un pouvoir en place depuis 60 ans. Les organisations de la société civile ont initialement suggéré une période de transition de six mois à un an, pour signifier leur opposition à une prolongation indue du pouvoir militaire. Toutefois, compte tenu des nombreux défis à relever, elles ont finalement rallongé leurs prévisions à 18 à 24 mois. Ce délai devrait permettre la reconstruction de la démocratie, la rédaction de nouvelles lois, et la préparation des élections.
Au-delà de deux ans, la question de la légitimité de la transition se pose. Certains estiment que cette période ne doit pas être utilisée pour régler tous les problèmes fondamentaux du pays, mais plutôt pour préparer le terrain à un nouveau gouvernement élu démocratiquement. Les politiciens, tels qu’Alexandre Barro Chambrier, président du RPM, plaident également en faveur d’une transition de deux ans, afin de remettre le Gabon sur la voie de la stabilité politique tout en évitant une consolidation du pouvoir militaire. La grande coalition Alternance 2023 attend quant à elle les conclusions de la conférence nationale pour proposer sa propre durée, mais elle reconnaît la complexité des réformes à réaliser dans un système politique solidement établi. Cependant, il est suggéré de ne pas dépasser les deux tiers d’un quinquennat pour garantir la légitimité de la transition.
Cette incertitude quant à la durée de la transition politique au Gabon continue de susciter des débats et des réflexions au sein de la société civile, des politiciens et des acteurs de la coalition pour l’alternance en 2023. La décision finale, qui découlera des délibérations lors de la conférence nationale, jouera un rôle déterminant dans l’avenir politique du pays.