Le président ghanéen John Dramani Mahama a annoncé l’ouverture d’une enquête après la découverte de près de 82 000 « noms fantômes » dans les listes de paie de l’Autorité du service national, soit environ la moitié du personnel censé être en activité. Cette révélation, issue d’un contrôle interne, marque une étape majeure dans la lutte contre la corruption initiée dès son retour au pouvoir en janvier dernier.
Selon un communiqué de la présidence publié le 12 février, l’inspection des dossiers a permis de distinguer entre 98 000 « vrais » employés et près de 82 000 entrées fictives, intégrées auparavant lors de la gestion des arriérés de paiement. Cette opération de vérification, qui visait initialement à régulariser les versements dus aux salariés légitimes, a mis en lumière un système frauduleux nécessitant une investigation approfondie.
Au Ghana, le service national d’une durée d’un an est obligatoire pour tous les jeunes âgés de 18 ans et plus, conférant à l’Autorité du service national la responsabilité de superviser ces affectations massives. Historiquement, sous l’ancienne présidence, l’Autorité avait recensé jusqu’à 180 000 personnes, un chiffre révisé à la baisse après l’inspection actuelle, révélant ainsi l’ampleur du phénomène des salariés fantômes dans une structure censée organiser l’intégration des jeunes dans la vie civique.
L’enquête en cours devra clarifier non seulement le montant total des paiements indus, évalué à 226 millions de cedis ghanéens (environ 14 millions de dollars), mais aussi identifier les responsables de cette supercherie. Les retombées pourraient conduire à des réformes structurelles au sein de l’Autorité et renforcer les mécanismes de contrôle pour prévenir de futures dérives dans la gestion des ressources publiques.
Les premiers résultats de l’inspection indiquent que les 98 000 salariés légitimes recevront dans les jours à venir les sommes qui leur sont dues, confirmant l’engagement du ministère des Finances à remédier aux arriérés. Des responsables, dont le directeur général de l’Agence nationale, Felix Gyambibi, ont souligné la nécessité de transparence et de rigueur dans la gestion des fonds publics, pointant du doigt la fragilité du système de contrôle précédent.
Cette affaire s’inscrit dans la continuité des promesses de campagne de lutte contre la corruption, une priorité pour le président Mahama depuis son retour au pouvoir. Au-delà de l’impact financier, l’enquête pourrait avoir des répercussions politiques et institutionnelles significatives, renforçant la confiance du public dans les efforts de réforme et soulignant la détermination des autorités à éradiquer les pratiques frauduleuses au sein des services publics.