Le géant californien Google s’est défendu une dernière fois, vendredi 31 mai, devant un juge fédéral pour éviter un démantèlement partiel, après avoir été reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles dans le secteur de la recherche en ligne. Le ministère de la Justice américain souhaite imposer des sanctions inédites, dont la séparation du navigateur Chrome de l’entreprise.
Dans ses réquisitions, le département de la Justice exige l’interdiction pour Google de conclure des accords d’exclusivité avec les fabricants de téléphones et la cession du navigateur Chrome. Ces pratiques, selon l’accusation, empêchent l’émergence d’une concurrence réelle dans le domaine des moteurs de recherche. L’administration veut également forcer l’entreprise à partager ses données de recherche, une exigence dénoncée par Google comme étant disproportionnée et risquant de pénaliser des millions d’utilisateurs.
Cette bataille judiciaire intervient dans un contexte où la domination de Google est contestée par l’émergence d’alternatives propulsées par l’intelligence artificielle, comme ChatGPT ou Perplexity. Mais c’est surtout la stratégie commerciale de Google, marquée par des accords d’exclusivité – notamment avec Apple, qui reçoit plus de 20 milliards de dollars par an pour installer Google comme moteur par défaut – qui est dans le viseur. La justice cherche à déterminer si ces pratiques ont étouffé la concurrence.
Le juge Amit Mehta doit rendre sa décision d’ici août. Celle-ci pourrait constituer un tournant historique dans la régulation des grandes entreprises technologiques. Pour les autorités américaines, il s’agit d’un moment crucial pour rééquilibrer un marché verrouillé depuis des années. Pour Google, en revanche, une scission serait un précédent lourd de conséquences, affectant non seulement l’entreprise, mais aussi des millions d’utilisateurs à travers le monde.
L’avocat de Google, John Schmidtlein, a insisté sur l’inefficacité d’une telle sanction, rappelant que les utilisateurs choisissent Google même en l’absence de contrat contraignant. Il s’est appuyé sur l’exemple de Verizon, qui a préféré Google à Yahoo! sans y être obligé. Il a également rejeté le partage des données, arguant que cela reviendrait à livrer des années de recherches technologiques à la concurrence.
Pour le gouvernement, ouvrir l’accès à certaines données permettrait de stimuler la concurrence. Mais Google y voit une remise en cause de ses droits de propriété intellectuelle. « Nous ne cherchons pas à mettre Google à genoux », a déclaré Adam Sever, du ministère de la Justice, « mais à permettre une réelle concurrence. » Une affirmation à laquelle l’avocat de Google a répondu en dénonçant une tentative de piller les fruits de décennies d’innovations internes.