Le retrait russe de Kherson est une manœuvre militaire tactique qui va permettre de se recentrer sur d’autres objectifs, expliquent des spécialistes militaires algérien, malien et russe à Sputnik. La protection de la Crimée est, en particulier, en jeu.
Le départ des troupes russes vers la rive droite du Dniepr est un mouvement stratégique, qui s’explique par diverses raisons. Ce retrait devrait notamment permettre aux forces russes de se redéployer vers des objectifs plus cruciaux, comme l’explique à Sputnik Mokhtar Saïd Mediouni, ancien colonel de l’armée de l’air algérienne.
“Ce retrait de Kherson et de la rive droite du Dniepr est un retrait tactique et même stratégique, qui permettra aux forces russes de travailler sur d’autres cibles beaucoup plus importantes […]. Je ne suis pas dans la tête des stratèges russes, mais je pense que l’armée russe est capable de gérer cette situation”, déclare-t-il ainsi.
Un constat repris par Daouda Kinda, expert malien en sécurité internationale, qui rappelle que la Crimée a toujours été dans la ligne de mire de Kiev. À l’objectif de sauver des vies militaires et civiles s’ajoute donc celui de protéger la Crimée, région historiquement russe, explique-t-il.
“C’est stratégique car la Russie veut remettre le réel combat à plus tard. Parce qu’il ne faut pas l’oublier, le Président Zelensky l’a dit, Kherson n’est pas l’objectif final, c’est la Crimée qui en vue”, souligne le spécialiste.
“Guerre d’usure”
Le repli russe illustre aussi la stratégie de Moscou qui mise désormais sur l’usure. Garder Kherson aurait été possible, mais coûteux, explique ainsi à Sputnik Vasily Kashin, expert militaire russe. Recentrer la ligne de front sur le Dniepr, en pilonnant en profondeur le territoire ukrainien est plus avantageux.
“La décision de retirer les troupes découle d’une stratégie russe de guerre d’usure. Dans ce cadre, le contrôle du territoire n’est pas important, ce qui importe c’est de minimiser ses propres pertes, d’augmenter celles de l’ennemi et de détruire l’économie de l’adversaire”, affirme le spécialiste.
La Russie vise à asphyxier l’Ukraine en détruisant progressivement ses infrastructures et en augmenter les coûts pour ses alliés occidentaux, ajoute-t-il.
Ces dernières semaines, Moscou a notamment ciblé les centrales électriques ukrainiennes, provoquant d’importantes coupures de courant à Kiev et dans plusieurs grandes villes.