Le procureur du tribunal de première instance d’Abidjan a requis, le 14 juillet 2025, une peine de vingt ans de prison contre Abdoulaye Fofana, ex-aide de camp de Guillaume Soro. Il est jugé avec une quinzaine de co-accusés pour « complot contre l’autorité de l’État » et « constitution de bandes armées ». L’ex-officier est soupçonné d’avoir joué un rôle clé dans un présumé projet de déstabilisation du régime ivoirien.
Arrêté en mai 2022 à Abidjan après trois ans d’exil en France, Abdoulaye Fofana affirme être rentré pour voir son père mourant. Mais ses déplacements préalables au Burkina Faso, l’usage de faux documents et ses contacts avec des militaires ivoiriens ont éveillé les soupçons de la justice. Le procureur s’interroge sur les véritables intentions du commandant, qui assure simplement avoir voulu « prendre des nouvelles ».
Ce procès s’inscrit dans un climat marqué par la méfiance persistante entre le pouvoir d’Abidjan et l’entourage de Guillaume Soro, en exil depuis 2019. Ancien président de l’Assemblée nationale et figure centrale de la rébellion des années 2000, Soro est devenu un opposant radical au président Alassane Ouattara. Plusieurs de ses proches ont été arrêtés ou condamnés ces dernières années, dans ce que ses soutiens dénoncent comme une chasse aux sorcières.
Les débats au tribunal ont révélé de nombreuses incohérences. Certains co-accusés avaient affirmé lors de leurs auditions qu’Abdoulaye Fofana avait évoqué un coup d’État. Ces déclarations ont depuis été retirées. L’ancien militaire minimise : « Pour faire un coup d’État, il faut des moyens… il n’y en avait pas. » Son avocate, Me Kadidja Touré, dénonce un dossier « vide » et estime que les accusations ne reposent que sur des rumeurs et des déclarations floues.
Pour la défense, c’est moins Abdoulaye Fofana que son ancien supérieur qui est visé. « C’est un complot contre le président Soro Kigbafori Guillaume », martèle Me Touré. Elle accuse les autorités de s’en prendre aux proches de l’ex-chef rebelle pour les atteindre indirectement. Le procureur, lui, insiste sur la dangerosité du profil de Fofana, qu’il qualifie d’« habitué » des cercles insurrectionnels.
La défense a demandé l’acquittement pur et simple de son client. Le tribunal a mis son jugement en délibéré. Le verdict est attendu pour le 28 juillet 2025. Quelle qu’en soit l’issue, cette affaire illustre une fois de plus les tensions persistantes entre le pouvoir en place et les anciens compagnons de route de Guillaume Soro.