Les autorités guinéennes ont annoncé, mercredi soir, le retrait de plusieurs dizaines de permis de recherche et d’exploitation minière, affectant plus d’une centaine de titres au total. Cette décision marque une nouvelle étape dans la reprise en main du secteur minier par le gouvernement de transition au pouvoir depuis 2021.
C’est à la télévision nationale que Fana Soumah, ministre de la Communication, a lu pendant 45 minutes la liste des sociétés concernées. Parmi elles : RAM-RAS (or), Engineering SAL (bauxite), et bien d’autres. Ces permis, désormais annulés, reviennent gratuitement à l’État. La mesure vise à remettre en circulation des périmètres considérés comme sous-exploités ou gelés par manque d’activité concrète.
Depuis le coup d’État de septembre 2021 qui a porté le général Mamadi Doumbouya au pouvoir, le secteur minier est au cœur des priorités économiques de la transition. Déjà la semaine précédente, deux sociétés avaient vu leurs permis d’exploitation suspendus. Cette nouvelle vague de retraits s’inscrit dans une logique plus large de réforme et de contrôle de l’activité extractive, longtemps gangrenée par la corruption et l’opacité.
Selon l’ONG Actions Mines Guinée, cette mesure constitue un « assainissement du cadastre minier » destiné à créer un environnement plus favorable à l’arrivée d’investisseurs crédibles. L’objectif affiché est de réserver l’accès aux ressources minières du pays à des opérateurs capables d’investir dans des infrastructures solides et de respecter des cahiers des charges stricts.
Le gouvernement de transition cherche aussi à corriger un déséquilibre historique : les énormes richesses naturelles du pays – or, fer, bauxite, diamant – ont très peu profité à la population. La redistribution des revenus tirés des mines reste un sujet sensible, dans un pays où les tensions sociales sont exacerbées par la pauvreté, malgré le potentiel économique du sous-sol guinéen.
Au-delà de l’enjeu économique, le général Doumbouya soigne son image de réformateur. En s’attaquant aux entreprises jugées spéculatives ou inactives, il tente de montrer sa volonté de rompre avec les pratiques opaques du passé. Reste à savoir si cette purge minière se traduira concrètement par un regain d’activité et une meilleure gestion des ressources.