L’ex-chef de la junte militaire guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, a quitté la Guinée dans la nuit du 13 au 14 avril 2025. Selon des sources proches de l’ancien dirigeant, il se rendrait au Maroc pour des raisons médicales. Ce départ intervient après sa grâce présidentielle, obtenue fin mars par le général Mamadi Doumbouya, qui l’avait gracié pour raisons de santé. Camara, condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour sa responsabilité dans le massacre du 28 septembre 2009 à Conakry, avait passé plus de deux ans en détention.
Moussa Dadis Camara a dirigé la Guinée d’une main de fer pendant la période de décembre 2008 à décembre 2009, après le décès du président Lansana Conté. Sous son régime, le pays a été marqué par de graves violations des droits humains, dont le massacre de plus de 150 personnes lors d’un rassemblement à Conakry. Ce crime, commis le 28 septembre 2009, lui a valu une condamnation à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité. Cependant, après sa grâce, un événement controversé, son départ vers le Maroc semble être lié à des raisons de santé, suite à la détention qui a altéré son état physique.
Le Maroc n’est pas un lieu inconnu pour Dadis Camara. En 2009, après une tentative d’assassinat par son ex-aide de camp Toumba Diakité, il avait déjà séjourné dans le royaume chérifien pour des soins médicaux. Cette fois-ci, il est annoncé qu’il s’y rend pour des « examens médicaux », sans que la nature exacte de ces derniers ne soit précisée. Loin d’un simple séjour touristique, ce voyage semble répondre à une nécessité de suivi médical prolongé.
Si le départ de Moussa Dadis Camara peut être justifié par des raisons médicales, il soulève plusieurs questions. Le Maroc pourrait-il jouer un rôle d’hôte complice dans cette situation, ou est-ce une simple coïncidence ? Pourquoi les autorités guinéennes n’ont-elles pas clarifié cette décision d’exil ? Et surtout, est-ce un départ définitif ou un simple éloignement temporaire en raison de l’état de santé de l’ex-junte ? Ces interrogations demeurent sans réponse officielle, exacerbant les suspicions de manipulation politique.
Le départ de Dadis Camara a aussi provoqué un sentiment d’incompréhension parmi les victimes des massacres du 28 septembre 2009 et les organisations des droits humains. Sa grâce présidentielle a été perçue comme un geste de clémence de la part des autorités guinéennes, mais aussi comme une forme d’impunité. Les questions sur l’avenir judiciaire de l’ex-président de la junte restent ouvertes : cette absence prolongée pourrait-elle entraver le procès en cours sur les massacres de Conakry ? Ce départ pourrait-il remettre en question la volonté des autorités de poursuivre la réconciliation nationale ?
L’éloignement de Moussa Dadis Camara laisse planer une incertitude sur son retour en Guinée et sur le traitement juridique des crimes passés. Alors que certains estiment que l’exil pourrait permettre à la Guinée de tourner une page douloureuse, d’autres y voient un retour à l’impunité et un danger pour la justice. Dans un pays encore marqué par son passé, le chemin vers la réconciliation semble semé d’embûches.