Réuni en congrès à Conakry le 30 mai, le parti Union des forces républicaines (UFR) a sans surprise renouvelé sa confiance à Sidya Touré. Depuis son exil en Côte d’Ivoire, l’ancien Premier ministre a remercié ses soutiens et rendu hommage aux figures de la société civile récemment disparues. Il a surtout appelé à un dialogue politique inclusif avec les autorités de transition. Mais si cette réunion marque un tournant pour le parti, suspendu depuis mars, l’avenir politique de son leader reste flou.
La tenue de ce congrès était cruciale : suspendue par le ministère de l’Administration du territoire en mars dernier, l’UFR espère désormais retrouver sa légitimité politique. Son responsable à la communication, Fodé Baldé, affirme que la levée de la sanction était conditionnée à la tenue de cette réunion. Il en appelle à la bonne foi des autorités : « Ils n’ont pas le choix, c’est ce qu’ils doivent faire », a-t-il déclaré, misant sur une reprise rapide des activités du parti dans le paysage politique guinéen.
Mais l’horizon reste bouché pour Sidya Touré lui-même. Une clause de l’avant-projet de Constitution, présentée en juillet 2024, limitait l’âge des candidats à la présidentielle à 80 ans – précisément l’âge de Touré. Le texte final, voté par le Conseil national de transition (CNT) en avril 2025, n’a pas été rendu public, entretenant une incertitude politique majeure. Cette ambiguïté alimente les spéculations sur une manœuvre destinée à écarter discrètement certaines candidatures.
Dans ce contexte, l’opposition interne s’organise. Bakary Goyo Zoumanigui, l’un des fondateurs de l’UFR, dénonce un projet de restriction antidémocratique : « Une élection post-transition devrait être inclusive, on ne doit écarter personne. » Selon lui, seul le peuple doit décider de l’avenir politique des figures de l’opposition. Sidya Touré, pour sa part, est resté évasif lors de son discours, n’évoquant ni son éventuel retour au pays, ni ses intentions présidentielles.
Ce congrès remet l’UFR sur la scène, mais ne dissipe pas les tensions qui minent la transition guinéenne. L’absence de publication du texte constitutionnel alimente la défiance, tout comme le sort réservé aux figures disparues ou en exil. Le dialogue prôné par Touré semble encore loin de se concrétiser, dans un climat où les équilibres restent fragiles entre pouvoir militaire, société civile et opposition politique.