En Guinée, trois partis politiques, dont les deux principales forces de l’opposition, ont été suspendus par le ministère de l’Administration du territoire. L’UFDG de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, le RPG d’Alpha Condé et le PRP de Rafiou Sow se voient désormais interdits de toute activité. Cette décision intervient alors que la campagne pour le référendum constitutionnel, prévue pour le 24 août, a été repoussée au 31 août par décret présidentiel.
Le ministre Ibrahima Kalil Condé justifie cette suspension par la « situation irrégulière » de ces partis, qui n’auraient pas respecté les obligations de conformité prévues par la charte politique malgré un délai de 45 jours. Les formations visées sont désormais privées d’organisation de réunions, de manifestations et de toute activité de propagande. Le ministère a averti que tout manquement exposerait leurs dirigeants à des sanctions supplémentaires.
Cette mesure survient dans un climat de forte tension entre les autorités de transition et l’opposition. Les partis sanctionnés figurent parmi ceux qui appellent à des manifestations dès le 5 septembre pour contester la gouvernance actuelle. L’UFDG, déjà en conflit avec le ministère au sujet de l’organisation de son congrès, attend par ailleurs une décision de la Cour suprême le 28 août, désormais fragilisée par une suspension de trois mois.
Le report d’une semaine de la campagne pour le référendum constitutionnel ajoute à la confusion. Prévu pour le 21 septembre, ce scrutin est censé doter le pays d’une nouvelle Constitution. Mais la mise à l’écart des principaux partis politiques risque de délégitimer le processus, en accentuant la méfiance d’une partie de la population et de la classe politique.
Pour l’opposition, ces suspensions apparaissent comme une manœuvre visant à neutraliser les voix critiques avant une échéance majeure. Plusieurs acteurs politiques dénoncent une volonté d’exclure du débat public les forces capables de mobiliser la rue. Du côté des autorités, la mesure est présentée comme une application stricte de la loi sur les partis, sans considération politique. Mais les observateurs estiment qu’elle risque de nourrir de nouvelles tensions, alors que la transition peine déjà à rallier un consensus national.