Depuis plus d’un mois, des dizaines d’étudiants étrangers et de travailleurs temporaires campent le long d’une autoroute près de Toronto pour protester contre les récents changements de la politique d’immigration canadienne. Ces personnes, incapables d’obtenir leur résidence permanente après avoir investi de grandes sommes d’argent pour obtenir un diplôme canadien, dénoncent ce qu’ils considèrent comme un rêve canadien inaccessible, vendu à tort par le gouvernement et certaines institutions.
Ces manifestants, pour la plupart originaires de l’Inde, expriment leur frustration face à un système qui semble tourner le dos à leurs espoirs. Simrat Kaur, une des participantes, a payé environ 35 000 $ en droits de scolarité pour un programme de deux ans, dans l’espoir d’obtenir le permis de travail postdiplôme (PTPD) et d’accéder à la résidence permanente. Cependant, sans extension de ce permis ni accès à la résidence permanente, elle se voit contrainte de retourner en Inde, une perspective qu’elle refuse d’accepter.
La situation découle de la politique canadienne qui a longtemps encouragé les étudiants étrangers à s’installer au pays, en leur promettant la possibilité de “travailler et rester”. Pourtant, les nouvelles restrictions et la concurrence croissante rendent cette promesse de moins en moins réalisable. En 2022, le pays comptait plus de 132 000 titulaires de PTPD, mais seulement 12 % d’entre eux ont obtenu la résidence permanente, laissant des milliers de personnes dans l’incertitude.
Pour l’avenir, Ottawa a mis en place de nouvelles mesures visant à réduire le nombre de travailleurs étrangers occupant des emplois peu qualifiés, rendant ainsi l’accès à la résidence permanente encore plus difficile. Certaines provinces, comme le Manitoba et le Yukon, offrent des options limitées pour renouveler des permis de travail, mais ces solutions restent insuffisantes pour la plupart des concernés. L’avocat Lev Abramovich n’hésite pas à qualifier ce système de “prédateur”, destiné à exploiter la main-d’œuvre à court terme.
Face à cette impasse, des voix s’élèvent pour demander davantage de transparence. Les experts estiment que les étudiants étrangers ont été trompés, et plaident pour que le gouvernement canadien adopte une politique claire, qui ne donnerait pas de faux espoirs. Certains manifestants, comme Simrat Kaur, envisagent même de demander un statut de réfugié pour éviter l’expulsion, considérant que leur contribution à l’économie canadienne pendant des périodes critiques, comme la pandémie, mérite une reconnaissance équitable.
La situation actuelle met en lumière une contradiction entre les besoins économiques à court terme du Canada et les aspirations légitimes des étudiants étrangers qui ont tout investi pour s’établir dans ce pays. Alors que les manifestations se poursuivent, une résolution semble encore lointaine, laissant des centaines de personnes dans un flou total quant à leur avenir.
“Étudier, travailler et rester au Canada”