Dans une interview accordée à CNN, le président rwandais Paul Kagame a affirmé ne pas savoir si des troupes rwandaises étaient présentes en République Démocratique du Congo (RDC), où les combats entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise ont fait plus de 2 000 morts. En réponse à une question sur l’implication de ses forces, Kagame a déclaré laconiquement : « Je ne sais pas », avant de réitérer que le Rwanda ferait tout pour protéger ses intérêts, sans se prononcer directement sur les accusations de soutien au M23.
Le gouvernement de Kinshasa, qui accuse Kigali d’avoir envoyé jusqu’à 10 000 soldats dans l’est de la RDC, a réagi vivement après cette interview. Selon le porte-parole du gouvernement congolais, ces troupes soutiennent les rebelles du M23, une rébellion armée active dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces derniers mois, le groupe a intensifié ses offensives, conquérant plusieurs villes, dont Goma, grâce à un appui militaire et logistique présumé du Rwanda. Une enquête de l’ONU, menée en juillet 2024, avait déjà signalé la présence de milliers de soldats rwandais dans la région.
Cette question de l’implication rwandaise dans le conflit est au cœur de la crise qui oppose les deux pays voisins. Depuis janvier 2025, la RDC a rompu ses relations diplomatiques avec le Rwanda, accusé de déstabiliser non seulement l’est de la RDC, mais également toute la région des Grands Lacs. De nombreux pays africains, tels que l’Afrique du Sud et le Burundi, partagent cette analyse, imputant à Kigali la responsabilité dans l’aggravation de la situation sécuritaire. La situation est d’autant plus préoccupante que des acteurs internationaux, dont le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, ont averti du risque d’une escalade régionale.
L’avenir immédiat reste incertain, avec un risque élevé d’escalade. Les efforts diplomatiques menés dans le cadre de l’initiative de Luanda, soutenue par l’Angola, ainsi que les médiations du Kenya, peinent à apaiser la situation. La question de la présence militaire rwandaise reste un point de friction majeur dans ces négociations. Si le Rwanda continue de nier toute implication directe, les tensions au sein de la région pourraient rapidement franchir un seuil critique, menaçant la stabilité de l’ensemble de l’Afrique centrale.
La communauté internationale observe de près la situation, avec l’ONU en tête de file. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exprimé son inquiétude quant à la menace d’un conflit de plus grande envergure, en appelant à un retrait immédiat des troupes rwandaises et en exhortant à des solutions diplomatiques. Toutefois, les récentes médiations ont jusqu’à présent échoué à convaincre Kigali de la nécessité de coopérer pleinement avec les efforts internationaux pour désamorcer la crise.
Le M23, créé en 2012 par des militaires rwandais dissidents, a longtemps été un acteur clé dans le conflit de l’est de la RDC. Son soutien par le Rwanda est une question qui refait surface à chaque poussée de violence. Ce groupe, aujourd’hui bien équipé et renforcé par des alliés régionaux, menace directement la sécurité du pays, et ce, malgré les tentatives répétées d’extinction de la rébellion. Le contexte historique de l’instabilité régionale, marqué par les guerres du Congo et l’ingérence de puissances voisines, alimente constamment ce cycle de violence et de déstabilisation.