En déplacement à Banjul le 14 août, Julius Maada Bio, président sierra-léonais et actuel dirigeant de la Cédéao, a rencontré son homologue gambien Adama Barrow. Cette étape s’inscrit dans une tournée régionale entamée début août au Togo, au Ghana, puis en Côte d’Ivoire et en Guinée-Bissau. L’objectif affiché est clair : convaincre les pays de l’Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) de réintégrer la communauté ouest-africaine.
Lors de ses échanges avec Adama Barrow, Julius Maada Bio a abordé des sujets bilatéraux mais aussi des questions régionales : sécurité, intégration et cohésion au sein de la Cédéao. Il a réaffirmé sa volonté de voir les États sahéliens revenir au sein de « la famille ouest-africaine », insistant sur le rôle des transitions politiques en cours et sur la nécessité de partager des valeurs démocratiques communes.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont quitté la Cédéao en 2023, reprochant à l’organisation son approche jugée punitive face aux régimes de transition issus de coups d’État. Cette rupture a affaibli la coopération régionale en matière de sécurité, notamment face à l’expansion des groupes armés dans le Sahel, et a complexifié les échanges économiques intra-régionaux. La création de l’AES a été perçue comme une alternative politique et stratégique par ses membres.
Julius Maada Bio mise sur ses liens personnels tissés avec les dirigeants sahéliens avant même sa prise de fonction à la tête de la Cédéao. Il affirme maintenir un contact régulier avec Bamako, Ouagadougou et Niamey, et espère que ce dialogue permettra de lever les blocages. Une éventuelle réintégration des pays de l’AES dépendra toutefois de compromis politiques sur les calendriers de transition et sur la gouvernance régionale.
Selon des sources proches de la Cédéao, la stratégie de Julius Maada Bio repose sur une diplomatie de terrain : multiplier les rencontres bilatérales, écouter les griefs des pays de l’AES et proposer des solutions concrètes. L’objectif est d’éviter que la fracture politique ne devienne irréversible, tout en rassurant les autres membres de l’organisation sur le respect des principes fondateurs.