Le 15 octobre, la Haute Cour du Kenya a rejeté les recours déposés par le vice-président Rigathi Gachagua pour suspendre sa destitution. Cette décision fait suite à un vote de l’Assemblée nationale, qui avait approuvé une motion de destitution à une large majorité la semaine précédente. Gachagua est accusé de violations de la Constitution, de sédition et de détournement de fonds publics.
Le juge Chacha Mwita a justifié sa décision en invoquant la séparation des pouvoirs, affirmant que le système judiciaire ne pouvait interférer dans un processus parlementaire en cours. Par conséquent, aucune intervention judiciaire ne sera permise pour protéger Gachagua, qui devra se présenter devant le Sénat ce mercredi pour répondre aux accusations.
Avant même la décision de la Haute Cour, Amason Kingi, le président du Sénat, avait averti que toute tentative judiciaire d’interférer avec le travail parlementaire resterait sans effet. Selon Kingi, aucune injonction ne peut empêcher le Sénat et ses comités d’accomplir leurs fonctions constitutionnelles. Gachagua, qui a déposé 26 recours au total, considère que les preuves avancées sont faibles et que le processus de l’Assemblée nationale a manqué de transparence, en particulier concernant les consultations publiques.
Au Sénat, la majorité est détenue par le parti au pouvoir, soutenu par l’ODM, le principal parti d’opposition. Toutefois, certaines voix critiquent la dimension politique de la procédure de destitution. Le sénateur Richard Onyonka, membre de l’ODM, a déclaré que l’Assemblée nationale s’était livrée à une forme de “lynchage politique” pour discréditer Gachagua. Il a souligné que le Sénat examinerait les faits de manière impartiale et a appelé à la présentation de preuves concrètes, rejetant toute considération fondée sur des rumeurs.
L’avocat et ancien candidat à la présidence, Ekuru Aukot, a exprimé ses préoccupations quant aux répercussions potentielles de cette destitution sur la démocratie kenyane. Selon lui, les 11 accusations portées contre Gachagua manquent de bases juridiques solides. Il craint qu’en l’absence de preuves tangibles, cette procédure ne crée un précédent dangereux qui pourrait ouvrir la voie à des destitutions arbitraires. Aukot insiste sur l’importance de présenter des preuves robustes, notamment en ce qui concerne les allégations de détournement de fonds.
Ainsi, le débat sur la destitution de Rigathi Gachagua continue de diviser la classe politique kenyane. Certains dénoncent une tentative de règlement de comptes politiques, tandis que d’autres demandent un examen impartial et rigoureux des faits.