Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, a été destitué jeudi après une procédure inédite qui marque la fin de plusieurs mois de conflit entre le président William Ruto et son adjoint. Le Sénat a voté pour le destituer, le déclarant coupable de cinq des onze accusations portées contre lui. C’est la première fois qu’un vice-président est destitué de cette manière au Kenya, suivant les règles établies par la Constitution de 2010.
Le Sénat a reconnu Rigathi Gachagua coupable de cinq des onze accusations, notamment pour corruption, abus de pouvoir, et détournement de fonds. À 59 ans, Gachagua devient le premier vice-président destitué au Kenya depuis la mise en place de la Constitution actuelle. Cette décision ne met pas un terme à la crise politique, mais soulève au contraire des questions sur la stabilité de la démocratie kenyane dans une région fréquemment en proie à l’instabilité.
Les relations entre le président William Ruto et Rigathi Gachagua se sont fortement détériorées ces derniers mois. Gachagua avait été choisi comme colistier en raison de son influence régionale et de son soutien décisif lors de la victoire électorale de 2022. Toutefois, il a été accusé de ne pas avoir soutenu suffisamment le gouvernement pendant les manifestations contre le pouvoir de l’été dernier, qui ont causé la mort de plus de 60 personnes. Ce manque de soutien perçu a exacerbé les tensions entre Ruto et Gachagua, aboutissant à sa destitution.
La destitution de Rigathi Gachagua laisse des incertitudes sur l’avenir politique du Kenya. Gachagua a promis de continuer à se battre et prévoit de contester la décision du Sénat en justice. Le pays fait déjà face à des tensions politiques, et cette nouvelle crise pourrait aggraver les divisions existantes. Beaucoup craignent que cela n’affaiblisse davantage la stabilité du Kenya, souvent considéré comme un pilier démocratique dans la région.
Le jour du vote, Rigathi Gachagua était présent lors de l’ouverture des audiences, mais il a été hospitalisé pour des douleurs thoraciques avant de pouvoir se défendre devant le Sénat. Ses avocats ont demandé un report du vote, mais cette demande a été rejetée. Gachagua a affirmé que les accusations étaient un complot contre lui, et ses avocats ont quitté la séance en signe de protestation.
Malgré plusieurs tentatives pour bloquer le processus, Gachagua n’a pas réussi à empêcher le vote du Sénat. La prochaine étape sera probablement une longue bataille juridique. Gachagua a l’intention de contester sa destitution, ce qui signifie que cette affaire pourrait encore secouer la scène politique kenyane pendant un certain temps.