William Ruto a prêté serment ce mardi 13 septembre, devenant ainsi le cinquième président du Kenya après plusieurs semaines de controverses, avec un recours à la Cour suprême qui a suivi une élection serrée. La cérémonie de ce mardi met fin à dix ans de mandat d’Uhuru Kenyatta, qui a félicité la veille son successeur.
William Ruto a prêté serment sous des salves d’applaudissements, car les Kényans se sont déplacés en masse pour le voir accéder à la magistrature suprême. Les 60 000 places du stade de Nairobi se sont remplies dès 5h du matin. William Ruto a donc tenu son premier discours en tant que président sous les vuvuzelas et cris de joie de ses partisans qui arboraient des maillots et casquettes jaunes, la couleur de son parti.
Le nouveau président a commencé par rappeler ses origines : aujourd’hui un garçon du village est devenu président du Kenya. « Nous devons garder en mémoire que nous avons été élus pour travailler ensemble et s’assurer que nos enfants puissent aller à l’école, que nos citoyens aient à manger et aient accès à des soins de santé décents, que nos jeunes aient accès à l’emploi, et que nos travailleurs puissent vivre dans la dignité. »
« Devant la nation et le monde aujourd’hui, je me tiens avec humilité et joie profonde, comme le témoignage vivant qu’avec la grâce de Dieu, la volonté de travailler dur, et un engagement vers une vision, les rêves peuvent devenir réalité », a-t-il poursuivi. Il a ensuite promis « d’ouvrir toutes les portes qui mènent à des opportunités, et de les laisser ouvertes jusqu’à ce que les modèles de réussite deviennent la norme et non des exceptions ». Et a appelé tous les élus « à faire de même. »
Appel à l’unité du pays
William Ruto a annoncé ses premières mesures en tant que président. Notamment une réduction des prix des engrais qui devrait, selon lui, être effective dès la semaine prochaine, et soutenir les producteurs agricoles pour lutter contre les prix élevés des denrées alimentaires et du carburant. Il s’est aussi dit engagé à lutter contre le chômage et à appuyer les petites entreprises et que le Kenya, sous sa présidence, allait continuer à être un partenaire pour la paix et la sécurité dans la région.
Le nouveau président a aussi salué le processus électoral qui vient de se conclure le qualifiant de « performance démocratique exemplaire ». Mais surtout, William Ruto a appelé à l’unité du pays. « Je promets de rendre chaque kényan fier et de m’assurer du bien-être économique de chacun d’entre nous, sans exception. Je m’engage à travailler dur pour tous les Kényans, peu importe pour qui ils ont voté. Je promets aussi de travailler avec tous les leaders, jeunes ou âgés, actuels, à la retraite ou futurs, afin de construire ensemble notre nation et de rassembler chaque talent, chaque effort, toute l’énergie possible, pour faire avancer notre République. » Il a, au passage, félicité son opposant Raila Odinga.
Un discours qui a contrasté avec celui qu’a tenu juste avant son vice-président, Rigathi Gachagua. Lui, n’a pas manqué de critiquer le bilan de l’administration d’Uhuru Kenyatta. Il a demandé aux Kényans de « prier » pour William Ruto et son équipe, en raison du travail qui « s’annonce difficile ». Il a en effet dressé un tableau sombre, pointant une « économie dilapidée » et un « désastre économique », avec une « dette énorme » et un chômage de masse.
Une vingtaine de chefs d’États et de gouvernements étaient présents au stade de Kasarani. Après les avoir remerciés un par un, William Ruto a tenu à les rassurer sur son investissement futur dans la région… affirmant que le Kenya resterait un partenaire dédié à la paix et à la sécurité en Afrique de l’Est. Il a même demandé à son prédécesseur, Uhuru Kenyatta, de continuer à présider certains dossiers, notamment les initiatives de paix en Ethiopie et dans la région des Grands Lacs.