Le 17 mars 2025, l’Union européenne (UE) a annoncé des sanctions contre neuf personnalités et une entité rwandaises, ciblant principalement des hauts-gradés militaires et des responsables économiques impliqués dans le conflit en République Démocratique du Congo (RDC). Le Rwanda, déjà en tension avec l’UE, a réagi avec virulence à cette décision, en accusant la Belgique d’avoir exercé une pression décisive pour faire adopter ces mesures punitives. La rupture des relations diplomatiques entre Kigali et Bruxelles, survenue 24 heures plus tard, illustre l’intensité du mécontentement rwandais envers le rôle belge dans cette affaire.
Les sanctions visent principalement des responsables militaires rwandais accusés d’avoir soutenu le groupe rebelle M23, ainsi que des responsables économiques impliqués dans l’exploitation illégale des ressources naturelles congolaises. Parmi les sanctions notables figure le ciblage de l’Agence rwandaise des mines, du pétrole et du gaz, ainsi que d’une raffinerie d’or, accusées de tirer profit du conflit en RDC. Si ces mesures sont vivement rejetées par Kigali, les autorités rwandaises dénoncent surtout l’influence de la Belgique dans le processus décisionnel, qualifiant cette dernière de partie prenante dans la mise en place des sanctions.
Cette situation s’inscrit dans un contexte diplomatique déjà tendu entre le Rwanda et l’UE. Le Rwanda a régulièrement exprimé ses préoccupations concernant la gestion du conflit dans l’Est de la RDC, accusant certains pays occidentaux, dont la Belgique, de prendre position contre ses intérêts. Les tensions entre Bruxelles et Kigali remontent à plusieurs années, notamment après l’implication du Rwanda dans la gestion des rébellions congolaises. La Belgique, en raison de son passé colonial et de ses liens historiques avec la région, est souvent perçue comme un acteur influent dans les affaires diplomatiques relatives à l’Afrique centrale.
L’annonce des sanctions et la rupture des relations diplomatiques risquent d’avoir un impact sur les négociations en cours pour résoudre le conflit. Le M23, groupe armé congolais, a immédiatement annulé sa participation au dialogue prévu à Luanda entre le gouvernement congolais et les groupes rebelles, un événement qui visait à poser les bases d’une paix durable dans la région. Les sanctions, en exacerbant les tensions, pourraient compromettre davantage les chances de succès de ces négociations, déjà fragiles en raison de l’implication de puissances extérieures.
Alain Mukuralinda, porte-parole adjoint du gouvernement rwandais, a souligné que ces sanctions risquaient de fragiliser la sécurité régionale en perturbant les efforts diplomatiques. Selon lui, toute initiative visant à clore les canaux de communication entre les acteurs du conflit ne peut que nuire à la paix. Le Rwanda insiste sur le fait que sa sécurité est un enjeu crucial, et il regrette que la Belgique semble ignorer ses préoccupations sécuritaires tout en mettant en avant les seuls aspects négatifs de sa politique étrangère.
Le conflit en RDC est à la fois une question de sécurité pour les pays voisins, dont le Rwanda, et un défi diplomatique majeur pour la communauté internationale. L’incapacité des acteurs régionaux à trouver une solution durable au conflit a des répercussions sur la stabilité de toute la région des Grands Lacs. Les sanctions européennes, loin d’apporter une solution, semblent au contraire attiser les divisions et compliquer la tâche des médiateurs. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si la diplomatie pourra encore jouer un rôle clé dans cette crise ou si le conflit s’intensifiera.