Le continent africain a, lui aussi, les yeux tournés vers le ciel et ne veut pas passer à côté de la conquête de l’espace. Alors que l’Union Africaine (UA) a adopté une politique spatiale depuis 2016, et créé, deux ans plus tard, une agence pour coordonner sa stratégie, différents pays avancent leurs pions. Ces dernières semaines, plusieurs projets spatiaux ont été lancés.
On ne s’étonne plus de voir l’Afrique du Sud multiplier les projets spatiaux, avec une industrie déjà bien implantée dans le pays et le lancement du premier satellite africain en 1999. Mais Pretoria a fait un pas de plus, le mois dernier, en annonçant la construction, en partenariat avec la Nasa, d’une station terrestre dans la région du Karoo : elle permettra notamment de suivre les missions du programme Artemis de l’agence américaine, qui ont pour but, à terme, d’envoyer à nouveau deux astronautes sur la Lune.
Sans compter que la construction du « Square Kilometer Array » (SKA), vient d’être officiellement lancée. Il s’agira du plus grand radio-télescope du monde. Il devrait voir le jour d’ici à 2028, avec des installations dans le pays et en Australie.
Le continent n’est pas en reste
Mais à plus petite échelle, d’autres pays du continent ne veulent pas rester sur la touche, et lancent, eux aussi, leurs projets grâce à des soutiens extérieurs. C’est par exemple le cas du Zimbabwe et de l’Ouganda, qui, avec l’aide du Japon, ont pu envoyer dans l’espace les premiers satellites de leur histoire, afin de collecter des données pour la surveillance météo et l’agriculture. Au total, 14 pays africains ont déjà lancé leurs satellites. D’autres pays comme le Botswana comptent aussi envoyer le leur d’ici à 2023.
Au Zimbabwe, les critiques n’ont pas tardé à s’élever après le lancement du satellite, soulignant que le pays, plongé dans une crise économique sans fin, devrait avoir d’autres priorités que la conquête de l’espace. Pour Temidayo Oniosun, directeur de « Space in Africa », une société nigériane qui suit les programmes spatiaux en Afrique, c’est un réquisitoire « injuste ». « On entend ces critiques à chaque fois qu’un pays africain lance un satellite, s’agace-t-il. À savoir : pourquoi un tel pays se lancerait dans la construction d’un satellite alors qu’il y a tellement de pauvreté ? ».
Transfert de connaissances
À ses yeux, ces satellites peuvent apporter beaucoup aux pays en développement, notamment via la formation d’ingénieurs et le transfert de compétences. Temidayo Oniosun pointe également les avantages que comportent ces technologies. « Un satellite d’observation est très utile pour faire de la surveillance, par exemple en agriculture, indique-t-il. Il y a beaucoup de domaines où on peut les utiliser, pour examiner l’utilisation des terres, ou gérer des questions de sécurité. Le champ d’application est large. Quant aux satellites de télécommunications, ils permettent aux zones rurales de ces pays d’être davantage connectées. »
Le but de ces projets, c’est de former des ingénieurs dans ces pays.
Lors du récent sommet États-Unis/Afrique, le Rwanda et le Nigeria ont été les premiers pays du continent à signer les Accords Artemis, un ensemble d’accords rédigés par la Nasa et le Département d’État américain pour établir un cadre de coopération pour les futures explorations spatiales.
RFI