La réunion ministérielle entre les États membres de l’East African Community (EAC) et de la Southern African Development Community (SADC), prévue pour ce vendredi 28 février à Harare, a été reportée à la surprise générale. Cette rencontre était d’une grande importance, puisqu’elle devait permettre de faire un point sur le processus de désescalade entre Kinshasa et Kigali, notamment dans le cadre du conflit en cours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
D’après des sources diplomatiques, le report a été annoncé en raison de l’absence d’invitation officielle à destination des délégations rwandaise et congolaise, qui devaient être présentes. La délégation rwandaise a confirmé qu’aucune convocation n’avait été reçue de la part des autorités zimbabwéennes, pays hôte de l’événement. Cette situation a suscité des interrogations, d’autant plus que la réunion avait été soigneusement préparée comme une étape clé du dialogue entre les deux nations. D’autres délégations attendues à Harare n’ont également pas fait le déplacement, accentuant le caractère incomplet de cette initiative diplomatique.
Le climat de tensions entre la RDC et le Rwanda, notamment en raison de l’activisme du groupe rebelle M23 soutenu par Kigali, reste extrêmement tendu. Le report de la réunion intervient dans un contexte de tensions politiques internes et internationales. À Kinshasa, les autorités congolaises ont confirmé la suspension de la rencontre, bien que l’information n’ait pas été largement diffusée dans le pays. Le ministère des Affaires étrangères congolais n’a cependant pas précisé les raisons exactes de cette annulation. Par ailleurs, la ministre des Affaires étrangères de la RDC a rencontré le président Félix Tshisekedi juste avant l’annonce du report, mais aucun détail n’a été divulgué sur les discussions.
Le report de cette réunion pourrait avoir des conséquences diplomatiques importantes. Le Luxembourg a récemment bloqué une nouvelle vague de sanctions européennes contre le Rwanda, en attendant les résultats de cette rencontre. Ce veto pourrait refléter des divergences profondes au sein de l’Union européenne concernant l’attitude à adopter face à Kigali. Le report de la réunion pourrait ainsi reporter à plus tard toute avancée dans le dossier des sanctions, tout en laissant planer l’incertitude sur les prochaines étapes de la diplomatie régionale.
Le contexte régional est d’autant plus sensible que cette réunion était censée finaliser les rapports des chefs d’État-major de la région et établir une feuille de route pour la mise en œuvre des décisions prises lors des précédentes rencontres entre chefs d’État. Ce processus de dialogue était censé inclure des discussions sur le dialogue politique et un chronogramme pour les étapes à venir du processus de paix. Cependant, les divergences de fond persistent entre les deux camps : Kinshasa privilégie un dialogue direct avec Kigali, tandis que le Rwanda insiste pour que les discussions incluent également l’AFC/M23, une demande fermement rejetée par la présidence congolaise.
Malgré ces tensions, une nouvelle date pour la rencontre entre les ministres de la SADC et de l’EAC est envisagée, probablement entre le 1er et le 3 mars. Toutefois, aucune invitation officielle n’a encore été envoyée, laissant planer une incertitude sur l’issue de ce processus diplomatique crucial. Le report de cette rencontre souligne la difficulté de parvenir à une désescalade durable dans une région où les enjeux géopolitiques et les rivalités régionales continuent de compliquer toute avancée concrète vers la paix.