La guerre en Ukraine a des répercussions mondiales, notamment sur la diplomatie internationale. Suite à la récente normalisation des relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, la marge de manœuvre stratégique de l’Arabie Saoudite s’est accrue, et elle refuse de souscrire aux demandes américaines pour des mesures coercitives à l’égard de la Russie. Cette situation est un exemple de la transformation des rapports de force internationaux, qui a une incidence sur le débat stratégique en cours à Washington sur la guerre en Ukraine.
Il y a deux points de vue opposés dans le débat américain sur la guerre en Ukraine. Le camp dominant, représenté par l’administration Biden, prône un appui maximal à Kiev jusqu’à la défaite indiscutable de la Russie, considérant que l’issue de la guerre aura un impact décisif sur la reconfiguration des rapports de force internationaux. Cependant, une partie des militaires américains estime qu’une issue militaire à la crise semble difficile et que seules des négociations qui aboutiront à un compromis permettront de mettre fin au conflit. Ce camp considère que l’intérêt des États-Unis est de ne pas s’enliser dans un soutien constant à Kiev dans le cadre d’une guerre longue qui détournerait Washington de son principal objectif stratégique, à savoir la confrontation avec la Chine.
Les déclarations récentes de l’administration Biden sont très dures envers la Russie, affirmant que les auteurs de “crimes de guerre” et “crimes contre l’humanité” devront rendre des comptes. Cependant, cette position ne fait pas l’unanimité dans les dirigeants occidentaux. Emmanuel Macron avait exprimé son souhait de voir la défaite de la Russie, mais non son “écrasement”.
Les militaires américains, tels que le chef d’état-major américain, le général Milley, ont rappelé que seules les négociations pourraient mettre fin à la guerre. L’étude de la Rand Corporation, intitulée “Éviter une guerre longue. La politique américaine et la trajectoire du conflit Russie-Ukraine” souligne également les risques encourus pour les États-Unis en cas de guerre prolongée.
Patrick Babingwa