Une commande de munitions passée par la Pologne auprès d’une usine sud-africaine a été bloquée par le Comité de contrôle des armes conventionnelles de Pretoria. Ce blocage pourrait empêcher la livraison de milliers d’obus de 155 mm destinés à renforcer les stocks polonais, une situation critique pour Varsovie qui craint une éventuelle attaque russe.
La Pologne, voisine de l’Ukraine, cherche depuis le début de l’invasion russe à renforcer ses capacités militaires. Pour ce faire, Varsovie a passé une commande de munitions d’une valeur de 44 millions d’euros auprès de l’usine Rheinmetall, située en Afrique du Sud. Cependant, cette commande a été mise en pause depuis plus d’un an par les autorités sud-africaines, sans explication officielle. Il semble que la décision soit motivée par la crainte que ces munitions soient utilisées contre la Russie, un allié stratégique de l’Afrique du Sud.
Depuis l’intensification du conflit en Ukraine, la Pologne multiplie les efforts pour accroître ses stocks de munitions, tant par l’achat international que par l’augmentation de sa production nationale. Ce blocage inattendu de la part de l’Afrique du Sud s’inscrit dans un contexte où Pretoria, allié de Moscou, cherche à éviter toute implication indirecte dans le conflit russo-ukrainien.
Face à ce blocage, la Pologne n’a pas tardé à réagir en concluant un nouvel accord avec sa principale usine d’armement. Cet accord, d’une valeur de 2,5 milliards d’euros, vise à accélérer la production nationale de munitions. Depuis le début du conflit, la capacité de production d’obus en Pologne a plus que doublé, et Varsovie prévoit désormais de produire 100 000 obus par an d’ici 2029, renforçant ainsi son autonomie stratégique.
Pour l’Afrique du Sud, cette décision de bloquer la commande polonaise pourrait avoir des répercussions diplomatiques, notamment avec les pays de l’OTAN, dont la Pologne fait partie. Ce choix de Pretoria reflète son alignement géopolitique avec Moscou, au risque d’écorner ses relations avec d’autres puissances occidentales.
Ce blocage montre comment les enjeux géopolitiques mondiaux influencent les relations commerciales et stratégiques entre les nations. Pour la Pologne, il s’agit d’un revers temporaire, mais Varsovie semble déterminée à poursuivre ses efforts pour renforcer sa capacité de défense face à la menace russe. Quant à l’Afrique du Sud, son choix souligne la complexité de sa position diplomatique dans un monde de plus en plus polarisé.