La production de lithium en Afrique est en plein essor. D’ici 2033, le continent pourrait fournir 12 % du lithium mondial, contre seulement 4 % en 2023, selon Benchmark Mineral Intelligence. Cette augmentation pousse plusieurs pays, comme le Zimbabwe, le Mali et le Nigeria, à chercher des moyens de transformer le lithium sur place plutôt que de l’exporter sous sa forme brute.
Pour soutenir cette transformation locale, l’entreprise américaine ReElement Technologies prévoit d’investir 100 millions de dollars dans des raffineries de lithium en Afrique, en partenariat avec Novare Holdings, une société sud-africaine. Au Zimbabwe, premier producteur africain, la compagnie chinoise Sinomine Resource a annoncé en septembre 2024 un projet de raffinerie de 500 millions de dollars. Le Nigeria suit la même tendance avec l’entreprise Avatar New Energy Materials, qui a ouvert la plus grande usine de traitement du lithium du pays, capable de traiter 4000 tonnes par jour.
Le lithium est un élément clé dans la fabrication des batteries pour les voitures électriques, un marché en forte croissance. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que la demande mondiale de lithium pourrait atteindre 616 000 tonnes d’ici 2030, contre 92 000 tonnes en 2023. Les voitures électriques représentaient déjà 18 % des ventes mondiales en 2023, et ce chiffre pourrait dépasser 60 % d’ici 2030. Affiner le lithium en Afrique plutôt que de l’exporter sous forme brute pourrait donc générer beaucoup plus de revenus pour les pays producteurs.
L’Afrique dispose de plusieurs avantages pour le raffinage du lithium : ses mines sont proches des usines de transformation, l’électricité y est relativement bon marché et la main-d’œuvre coûte moins cher que dans d’autres régions du monde. Une étude réalisée en 2024 par UK Aid indique que ces facteurs rendent l’Afrique 35 à 40 % plus compétitive que des pays comme la Chine, le Canada ou les États-Unis. De plus, selon BloombergNEF, construire une usine de fabrication de composants pour batteries en République démocratique du Congo coûterait trois fois moins cher qu’aux États-Unis.
Malgré son potentiel, l’Afrique peine encore à attirer suffisamment d’investissements pour développer l’industrie de transformation du lithium. Entre 2019 et 2023, le continent n’a reçu que 2,8 % des investissements mondiaux destinés à la transformation des minéraux critiques. Les gouvernements africains tentent d’attirer plus d’entreprises étrangères en mettant en avant les avantages économiques et stratégiques du raffinage sur place.
Si l’Afrique réussit à développer son industrie de transformation du lithium, elle pourrait renforcer son économie et mieux tirer profit de ses ressources naturelles. En investissant dans des infrastructures et en attirant des partenaires internationaux, le continent pourrait devenir un acteur majeur du marché mondial du lithium et jouer un rôle clé dans la transition énergétique mondiale.