L’Algérie a officiellement rejoint la Nouvelle Banque de développement (NDB), bras financier du groupe des BRICS. Une étape stratégique qui pourrait marquer le début d’un processus d’intégration plus large au sein du bloc, formé à l’origine par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
Pour l’économiste algérien Fares Habache, interrogé par Sputnik, cette adhésion ouvre des perspectives concrètes, notamment dans les secteurs clés de l’économie algérienne : énergie, infrastructures, et industrie. Il souligne que l’accès aux financements de la NDB pourrait dynamiser des projets structurants que les bailleurs traditionnels rechignent à soutenir sans conditionnalités strictes. En s’appuyant sur un outil financier alternatif, l’Algérie espère contourner certaines dépendances occidentales et élargir ses marges de manœuvre.
Les liens économiques entre l’Algérie et les pays membres des BRICS sont déjà solides. Le Brésil importe plus de deux milliards de dollars de marchandises algériennes chaque année, tandis que les échanges commerciaux avec la Chine atteignent les neuf milliards de dollars. La Russie, partenaire de longue date dans le domaine de la défense et du nucléaire civil, ainsi que l’Inde, active dans le pharmaceutique et l’agriculture, complètent ce tableau. Cette densité de relations économiques rend l’adhésion à la NDB cohérente, voire naturelle.
Depuis plusieurs mois, Alger manifeste son intérêt pour une adhésion pleine et entière au groupe BRICS. En rejoignant sa banque, le pays franchit un seuil symbolique. Ce geste est perçu par de nombreux observateurs comme un signal politique fort, adressé autant aux partenaires traditionnels occidentaux qu’aux nouvelles puissances émergentes. Reste à savoir si cette dynamique sera suivie d’une intégration institutionnelle formelle, et dans quels délais.
L’intégration à la NDB intervient dans un contexte de redéfinition des équilibres économiques mondiaux. De plus en plus de pays, notamment du Sud global, cherchent à diversifier leurs alliances financières. Pour l’Algérie, l’enjeu est double : obtenir un accès à des ressources alternatives pour financer son développement, tout en affirmant une position géopolitique plus autonome. Cette décision renforce également l’ambition d’Alger de jouer un rôle plus actif dans les forums multilatéraux non occidentaux.
Au-delà de l’effet d’annonce, cette adhésion pose la question de l’efficacité réelle de la NDB. Son bilan reste modeste comparé aux institutions de Bretton Woods. Mais pour Alger, l’enjeu est autant économique que diplomatique : il s’agit de s’inscrire dans une dynamique multipolaire, en phase avec les transformations du monde. Reste à concrétiser les promesses d’investissements, et à en faire un levier tangible pour la relance industrielle du pays.