L’Arabie saoudite a appelé à une réunion de l’Organisation de la Coordination Islamique (OCI) sur la crise au Soudan, qui se tiendra ce mercredi. Le lendemain, la Ligue arabe a appelé à un cessez-le-feu immédiat à Khartoum, suite à sa réunion de deux jours au Caire. Riyad a proposé une initiative pour une sortie de crise qui pourrait doubler celle entreprise par l’Igad. En s’engageant dans les opérations d’évacuation d’étrangers et des humanitaires bloqués au Soudan suite à la crise, l’Arabie saoudite cherche avant tout à jouer un rôle régional majeur au Soudan. Cependant, cela semble un peu compliqué, car elle n’est pas neutre sur ce dossier.
L’Arabie saoudite veut jouer un rôle majeur au Soudan mais est confrontée à un dilemme de neutralité. En effet, Riyad est en partie responsable de la situation actuelle à Khartoum, car elle a été “très indulgente” selon les civils soudanais, quand les deux généraux soudanais en lutte pour le pouvoir ont exclu les civils du pouvoir, mettant en danger le processus politique. Malgré cela, Riyad ne cesse de promouvoir son rôle en tant que médiateur et profite de sa bonne relation avec le chef de l’armée d’Abdel Fattah al-Burhan et le chef des forces de soutien rapide (FSR), Mohammed Hamdane Dogolo dit Hemedti. L’Union africaine a appelé à “éviter les incohérences d’une action dispersée” et à travailler ensemble pour prolonger le cessez-le-feu.
Le centre culturel saoudien à Khartoum a été attaqué mardi matin par un “groupe armé”, selon un communiqué du ministère saoudien des Affaires étrangères. Le bâtiment a été pillé et les équipements endommagés. Bien que le communiqué n’ait pas nommé les forces de soutien rapide (FSR), qui ont pillé les centres administratifs, les bâtiments gouvernementaux, les hôpitaux et les dépôts d’aide des Nations-Unies à Khartoum et au Darfour, plusieurs observateurs considèrent que ces incidents sont visiblement voulus. La question se pose de savoir qui a intérêt à viser symboliquement l’Arabie Saoudite au Soudan.
En fin de compte, l’Arabie saoudite cherche à redorer son image, ternie notamment par la guerre au Yémen et les questions de droits de l’homme. Cela explique pourquoi elle s’engage dans les opérations d’évacuation d’étrangers et d’humanitaires bloqués au Soudan. Cependant, le soutien de Riyad aux généraux soudanais en lutte pour le pouvoir compromet sa neutralité et rend difficile son rôle de médiateur. Pour que la médiation réussisse, il est important que toutes les parties impliquées travaillent ensemble pour prolonger le cessez-le-feu.