Le 18 mars 2025, Donald Trump a ordonné la publication des derniers documents déclassifiés sur l’assassinat de John F. Kennedy, espérant révéler une vérité longtemps dissimulée. Cependant, après des décennies de révélations et de théories sur l’assassinat de JFK, aucune preuve formelle n’a été apportée pour confirmer l’existence d’un complot. Pour Trump, l’enjeu n’est pas de démontrer un complot, mais de nourrir son discours sur l’existence d’un « État profond » qu’il promet de détruire.
Les documents récemment rendus publics n’ont pas apporté de nouvelles informations concrètes sur les événements du 22 novembre 1963, confirmant les conclusions de la commission Warren qui avait désigné Lee Harvey Oswald comme l’auteur de l’attentat. Pourtant, malgré ces conclusions officielles, l’affaire Kennedy est devenue un terrain fertile pour les théories du complot. Le KGB, la CIA, le FBI, et même des factions comme la mafia et l’extrême droite ont été accusés d’être impliqués, alimentant la mythologie autour de cet événement historique.
Cette affaire trouve un écho particulier dans le contexte de la guerre froide, une période marquée par des tensions géopolitiques extrêmes. L’assassinat de JFK survient dans un climat de forte paranoïa où chaque événement majeur est interprété comme le fruit d’une conspiration de grande envergure. C’est ce contexte historique qui a permis l’émergence de la notion d’un « État profond », une entité secrète censée contrôler les décisions politiques en dehors du cadre démocratique. Une idée renforcée par des films comme JFK d’Oliver Stone, et qui a été exacerbée par des campagnes de désinformation.
Bien que les déclassifications successives des archives n’aient pas prouvé l’existence d’un complot, elles ont renforcé l’idée que des institutions comme la CIA ont agi en dehors des contrôles démocratiques. Cela alimente la thèse du « deep state » véhiculée par Trump, qui en fait un axe central de sa campagne. La publication de documents révélant les agissements de la CIA durant la guerre froide, comme l’infiltration des ambassades et la surveillance illégale de citoyens, sert à illustrer le pouvoir tentaculaire de ces agences. Trump, en exposant ces éléments, cherche à convaincre son électorat que l’Amérique est victime d’une élite invisible qui agit contre ses intérêts.
Pour Trump, la déclassification des archives sur JFK ne sert qu’à attiser les craintes d’un contrôle occulte exercé par l’État, qu’il s’engage à démanteler. Sa promesse de s’attaquer à cet « État profond » se décline à travers son projet politique : la restructuration totale de l’administration fédérale. Le « Projet 2025 » qu’il défend est une tentative de réorganiser l’État en fonction de ses idéaux, en plaçant à la tête de l’administration des personnes alignées avec ses valeurs et ses intérêts, tout en éliminant les structures jugées corrompues ou inefficaces.
Cette approche s’inscrit dans une vision plus large de contestation de l’ordre établi. Selon le chercheur Romuald Sciora, l’essor des théories complotistes est typique des régimes autoritaires qui cherchent à manipuler la peur pour asseoir leur pouvoir. En présentant une version alternative des événements historiques, Trump exacerbe le sentiment d’angoisse collective, légitimant ainsi son agenda politique, qui repose sur une remise en question radicale du système démocratique américain.