En avril 2025, le gouvernement burkinabè a adopté un décret marquant un tournant dans la gestion des ressources minières du pays. Ce décret permet à l’État et aux investisseurs locaux de détenir jusqu’à 45 % des parts dans les sociétés minières industrielles, une mesure similaire à celle du Mali, qui a introduit une réforme comparable en 2023. Cette décision s’inscrit dans un mouvement de nationalisme des ressources visant à renforcer la souveraineté nationale sur l’exploitation minière, notamment dans le secteur stratégique de l’or.
Le nouveau décret, qui complète le code minier adopté par le Burkina Faso en 2024, prévoit une participation gratuite de 15 % pour l’État, avec la possibilité d’acquérir 30 % supplémentaires en partenariat avec des acteurs locaux. Cette stratégie vise à renforcer le contrôle du pays sur ses ressources naturelles et à permettre aux Burkinabè de bénéficier davantage des revenus générés par l’exploitation de l’or. À terme, cette politique pourrait aboutir à un contrôle majoritaire de l’État sur certaines mines d’or, actuellement limité à 10 % dans la plupart des cas.
Cette initiative du Burkina Faso fait écho à celle du Mali, qui en 2023, a révisé son code minier pour augmenter la part de l’État à 35 %, contre 20 % auparavant. Cette réforme malienne a déjà permis au gouvernement d’obtenir une participation significative dans des projets existants, notamment dans les mines de lithium et d’or, avec des accords révisés en 2024. Le Mali a également renégocié des conventions minières pour mieux capturer les bénéfices générés par ses ressources. Le Burkina Faso pourrait suivre cette voie en renégociant les contrats en cours, un droit que lui confère l’article 306 du code minier.
Les perspectives de cette politique de nationalisation des ressources minières au Burkina Faso sont multiples. À court terme, l’État pourrait augmenter ses revenus à travers des taxes et des redevances minières, comme l’a fait le Mali, qui a mobilisé près de 846 millions de dollars en 2024. L’objectif est de renforcer l’économie nationale et de garantir que les ressources profitent davantage à la population locale, dans un contexte où les revenus miniers sont encore insuffisamment redistribués.
Cependant, la mise en œuvre de cette réforme pourrait rencontrer des obstacles. Les compagnies minières opérant au Burkina Faso, telles que West African Resources, Orezone Gold, et Endeavour Mining, pourraient résister à la renégociation de leurs contrats, d’autant plus que certaines conventions sont protégées par la législation. De plus, le coût d’acquisition des parts par l’État, calculé sur la base des dépenses engagées pour l’exploration et les études de faisabilité, pourrait s’avérer un frein économique, rendant difficile la concrétisation de ces ambitions.
Ainsi, bien que le Burkina Faso adopte une stratégie similaire à celle du Mali pour augmenter sa part de contrôle sur ses ressources, l’incertitude demeure sur les modalités exactes de mise en œuvre et les tensions potentielles avec les entreprises privées. Cette dynamique témoigne néanmoins d’une volonté accrue des pays de la région de s’émanciper des anciennes structures coloniales et d’assurer une plus grande part de souveraineté économique.