Tensions au Conseil des droits de l’homme : Le Burundi se retire de la séance d’examen
L’examen périodique du Burundi au Comité des droits de l’homme des Nations unies s’est déroulé lundi et mardi derniers à Genève. L’objectif principal était d’évaluer la mise en œuvre des droits civils et politiques dans le pays. Cependant, la séance a été interrompue lorsque la délégation burundaise a décidé de quitter la salle. Cette décision a été motivée par la présence de criminels condamnés, selon les autorités de Bujumbura.
Après une absence de neuf ans, le Burundi s’est présenté devant le comité pour cet examen, mais la délégation n’est pas restée longtemps. Juste avant le début de la séance, les représentants burundais ont exprimé leur refus de participer tant que certains activistes étaient présents dans la salle, notamment Me Armel Niyongere, un avocat en exil condamné par la justice burundaise pour une tentative de coup d’État en 2015. Human Rights Watch a qualifié cette situation de “simulacre de procès”.
Le Comité a répondu que ces personnes étaient accréditées et ne pouvaient pas être exclues. Par conséquent, la délégation burundaise, composée d’une quinzaine de personnes comprenant des ministres, un procureur, des policiers et des hauts responsables administratifs, a quitté la salle. La session a donc dû se poursuivre sans leur participation.
La ministre burundaise des Droits humains a déclaré que certains de ceux présents “se réclament de la société civile alors qu’en réalité, ce sont des criminels condamnés par la justice. Nous déplorons que le comité n’ait pas accédé à notre demande légitime”. De son côté, Human Rights Watch a vivement critiqué le Burundi pour son “mépris des droits de l’Homme”. Le comité onusien a exprimé ses “profonds regrets” face à la réaction burundaise.
Armel Niyongere, interrogé sur cette situation, pense que le gouvernement burundais craint peut-être les rapports de son organisation, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, une ONG internationale. Il est également possible que cette sortie du Conseil des droits de l’homme soit un prétexte pour éviter de répondre à des questions embarrassantes posées par le comité.
Ce n’est pas la première fois que le Burundi agit de la sorte. En juillet 2016, le pays avait déjà boycotté la deuxième journée d’examen de sa situation devant le Comité de l’ONU contre la torture, marquant ainsi une première dans l’histoire de l’organisation. En février 2019, le gouvernement burundais a également fermé le Bureau des droits de l’homme des Nations unies au Burundi.