Le Conseil de sécurité des Nations unies a opéré un virage stratégique dans l’approche du conflit du Sahara occidental. Par une résolution adoptée le 31 octobre, il a formellement inscrit le plan d’autonomie marocain de 2007 comme base centrale pour la reprise des négociations. Cette décision consacre une évolution majeure du cadre diplomatique après des décennies de statu quo.
Le texte, qui renouvelle pour un an le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), stipule qu’une “autonomie authentique pour le Sahara occidental, sous la souveraineté du Maroc, pourrait constituer la solution la plus faisable”. Il mandate l’envoyé personnel du Secrétaire général, Staffan de Mistura, pour relancer le dialogue entre le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie sur cette base, les appelant à des discussions “sans préconditions”.
Ce réajustement s’inscrit dans l’un des conflits les plus anciens et les plus figés de l’agenda international. Le différend remonte au retrait de l’Espagne en 1975. La Cour internationale de justice avait alors reconnu des “liens d’allégeance” entre certaines tribus sahraouies et le Maroc, sans y voir une preuve de souveraineté. Le Front Polisario a proclamé la République arabe sahraouie démocratique (RASD), soutenue par l’Algérie. La Minurso, déployée en 1991 pour superviser un référendum d’autodétermination qui n’a jamais eu lieu, se cantonne depuis au suivi du cessez-le-feu.
La résolution ouvre une nouvelle phase dont les implications sont substantielles. Elle place l’initiative marocaine au centre du jeu diplomatique, potentialisant une solution négociée sur le modèle autonomiste. Cependant, elle risque de rencontrer une opposition ferme du Front Polisario et de l’Algérie, qui réclament toujours un référendum d’autodétermination incluant l’indépendance. La pérennité du cessez-le-feu, déjà fragile, et la situation humanitaire des réfugiés sahraouis à Tindouf constituent des enjeux critiques.
Cette inflexion onusienne couronne une stratégie diplomatique marocaine de long terme. Sous l’impulsion du roi Mohammed VI, Rabat a consolidé un soutien international croissant. Les reconnaissances successives de la souveraineté marocaine par les États-Unis en 2020, puis le soutien au plan d’autonomie par l’Espagne, la France et le Royaume-Uni, ont progressivement isolé la position du Polisario et de son allié algérien. Le timing de la résolution, à l’approche du cinquantenaire de la Marche Verte, revêt une forte portée symbolique.
Dans une allocution, le roi Mohammed VI a salué une “étape charnière”, tout en appelant à une solution qui “préserve la dignité de toutes les parties, sans vainqueur ni vaincu”. Il a lancé un appel direct aux “frères dans les camps de Tindouf” pour qu’ils “saisissent cette opportunité historique” et participent à la “construction de leur avenir” dans le cadre de l’autonomie. Ce discours vise manifestement à contourner la direction du Polisario pour s’adresser directement à la population sahraouie, une manœuvre politique destinée à fragiliser l’adversaire.
La résolution réaffirme également la nécessité de respecter le cessez-le-feu et exprime une préoccupation concernant le sous-financement chronique de l’aide aux réfugiés sahraouis. Elle encourage les États membres à accroître leur assistance humanitaire. Cet aspect souligne que, malgré la percée politique, la situation sur le terrain reste extrêmement tendue, avec des risques humanitaires et sécuritaires persistants qui pourraient compromettre tout progrès futur si ils ne sont pas traités de manière urgente.



