Au cœur des dynamiques géopolitiques actuelles, l’Afrique se retrouve à la croisée des chemins de la rivalité sino-américaine, avec un enjeu majeur : le contrôle et la transformation des minéraux critiques. Récemment, des projets d’envergure ont été lancés par la Chine et les États-Unis, visant à réhabiliter d’importants réseaux ferroviaires en Zambie, Tanzanie, République Démocratique du Congo (RDC), et Angola. Ces investissements, s’élevant à plusieurs centaines de millions de dollars, ont pour but de faciliter l’exportation du cuivre, soulignant l’intensification de la concurrence pour l’accès aux ressources minérales africaines.
Cette compétition géostratégique offre aux pays africains une occasion sans précédent de négocier des termes favorables à la transformation locale de ces précieuses ressources. Un rapport du Centre européen pour la gestion des politiques de développement (ECDPM) propose que l’Afrique tire parti de cette situation pour développer une chaîne de valeur autour des batteries électriques, suggérant ainsi un passage de l’exploitation brute à la valorisation industrielle sur le continent.
Les origines de cette rivalité remontent à plusieurs mois, avec une série d’annonces et d’initiatives par la Chine, les États-Unis et l’Union européenne, chacun cherchant à sécuriser son approvisionnement en minéraux critiques africains. Cette concurrence, bien que motivée par des intérêts stratégiques globaux, met en lumière une opportunité unique pour l’Afrique de renégocier sa place dans l’économie mondiale, en particulier dans le secteur des énergies renouvelables et des technologies avancées.
L’investissement dans la transformation locale des minéraux pourrait révolutionner le paysage économique africain. Les projets soutenus par les États-Unis, comme la construction d’une usine de traitement de nickel en Tanzanie, illustrent un modèle de développement économique plus inclusif, promettant de créer de l’emploi localement et de retenir une plus grande part de la valeur ajoutée générée par les ressources naturelles africaines. Cependant, pour réaliser ce potentiel, les pays africains doivent surmonter des défis réglementaires, financiers et techniques considérables.
L’implication directe des États africains dans le développement d’industries de transformation locales est cruciale. En capitalisant sur leurs capacités nationales et collectives, les pays africains peuvent attirer davantage d’investissements étrangers tout en veillant à ce que ces derniers servent véritablement leurs agendas de développement durable. Le succès de ces initiatives nécessitera une collaboration étroite entre les gouvernements africains, les investisseurs internationaux et les communautés locales, pour assurer une industrialisation respectueuse de l’environnement et socialement inclusive.
L’Afrique se trouve à un moment décisif de son histoire économique. La rivalité entre grandes puissances pour l’accès à ses ressources minérales critiques pourrait être le catalyseur d’un changement profond, permettant au continent de jouer un rôle central dans la transition énergétique mondiale. Cependant, la réussite de cette transformation dépendra de la capacité des pays africains à négocier des partenariats équitables, qui favorisent le développement local et respectent l’environnement.