Le 30 mai à Hong Kong, le Gabon a officiellement adhéré à l’Organisation internationale de la médiation (OIMed), une initiative diplomatique impulsée par la Chine pour encourager le règlement pacifique des différends à l’échelle mondiale. Mays Mouissi, ministre gabonais de l’Environnement, de l’Écologie et du Climat, a signé la convention de création de cette instance aux côtés d’une trentaine d’autres États membres.
Selon les autorités gabonaises, l’OIMed vise à faciliter la résolution à l’amiable des conflits commerciaux, diplomatiques ou privés à portée internationale. La médiation proposée par cette nouvelle structure se veut complémentaire aux institutions existantes comme la Cour internationale de justice. Elle offre notamment un cadre souple pour désamorcer les litiges entre États, entre États et ressortissants étrangers, ou encore entre entités privées, sans recourir à des procédures judiciaires lourdes ou onéreuses.
L’engagement du Gabon dans cette nouvelle organisation s’inscrit dans une volonté plus large de privilégier le dialogue et la négociation plutôt que la confrontation judiciaire. Libreville cherche notamment à éviter les conséquences financières parfois sévères des décisions de tribunaux internationaux. Ce choix intervient aussi dans un contexte post-transition politique, où le pays cherche à rassurer ses partenaires économiques en montrant sa stabilité et son ouverture au multilatéralisme.
Cette adhésion n’est pas isolée. Depuis décembre 2020, le Gabon a mis en place un centre national de médiation, baptisé Institut international de médiation, d’arbitrage et de conciliation (Iimac), destiné à désengorger les tribunaux et à faciliter la résolution rapide des litiges commerciaux. Encadré par les normes de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada), ce dispositif vise à améliorer l’environnement des affaires en offrant aux entreprises des outils juridiques plus souples.
En rejoignant l’OIMed, le Gabon entend aussi renforcer sa position sur la scène diplomatique. L’initiative chinoise est perçue par plusieurs observateurs comme un outil de soft power, qui permet à Pékin d’étendre son influence juridique à travers un nouveau réseau d’alliances. Pour Libreville, il s’agit d’un pari pragmatique : s’adosser à une nouvelle architecture internationale capable de répondre aux besoins de stabilité et de sécurité juridique des États africains dans leurs interactions globalisées.
Si la médiation offre des avantages certains en matière de coût et de rapidité, elle reste tributaire de la bonne foi des parties et de la reconnaissance des décisions obtenues. L’efficacité réelle de l’OIMed dépendra donc de son indépendance, de la transparence de ses procédures et de sa capacité à s’imposer comme une alternative crédible aux institutions établies. Pour le Gabon, cette décision marque toutefois une volonté assumée de miser sur des outils juridiques plus modernes et plus souples pour accompagner son ambition de relance économique.