Le Ghana est devenu le premier pays du continent à émettre officiellement des crédits carbone conformes à l’Accord de Paris. Ce transfert de 11 733 tonnes de CO₂ à la Suisse marque une étape inédite pour l’Afrique dans la coopération climatique internationale. Réalisée via le registre national du Ghana et le registre suisse, cette opération est considérée comme la plus volumineuse au monde à ce jour dans le cadre de l’article 6 de l’Accord.
Les crédits transférés, appelés ITMO (résultats d’atténuation transférés à l’échelle internationale), serviront à financer des initiatives locales ayant un fort impact environnemental. D’ici 2025, le Ghana prévoit de générer 60 000 crédits supplémentaires, en misant sur des projets tels que la riziculture écologique, le compostage ou encore les foyers de cuisson propres. Si le prix unitaire par tonne n’a pas été rendu public, plusieurs sources évoquent une fourchette entre 20 et 25 dollars par tonne. À terme, plus de 100 000 ITMO pourraient être échangés dans le cadre de cet accord bilatéral.
Cette opération découle d’un accord signé en 2020 entre Accra et Berne, qui s’appuie sur l’article 6 de l’Accord de Paris. Celui-ci autorise les États à coopérer volontairement dans la lutte contre le changement climatique via le transfert de crédits carbone. Le Ghana devient ainsi un laboratoire africain de cette approche, en alignant ses contributions déterminées au niveau national (CDN) avec les engagements internationaux de réduction des gaz à effet de serre.
Ce partenariat avec la Suisse s’inscrit dans une dynamique plus large : faire du marché carbone un levier de développement durable. Quatorze projets sont en cours de préparation, dont douze avec la Fondation Klik, et deux avec l’appui du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Quatre initiatives ont déjà reçu leur autorisation : cuisson propre, mobilité électrique à vélo, compostage et culture du riz durable. Au-delà de la réduction des émissions, ces projets créent aussi des bénéfices sociaux : amélioration de la santé, développement rural, emploi local.
Avec cette avancée, le Ghana espère attirer davantage d’investissements climatiques responsables et renforcer la résilience de ses communautés face aux impacts du dérèglement climatique. Le pays envoie aussi un signal politique clair : l’Afrique peut jouer un rôle actif dans les mécanismes internationaux du climat, non comme simple bénéficiaire, mais comme acteur structurant. Reste à voir si ce modèle sera répliqué par d’autres pays africains, alors que les débats sur l’équité climatique et le financement de la transition restent vifs sur la scène internationale.