Mercredi 7 juin, les autorités malawites ont pris des mesures drastiques en révoquant la citoyenneté de plus de 200 réfugiés originaires du Rwanda, les soupçonnant d’avoir falsifié leurs papiers d’identité. Cette décision intervient alors que le Rwanda demande au Malawi de retrouver 55 fugitifs recherchés pour leur rôle présumé dans le génocide. Ce durcissement de la politique d’accueil a commencé il y a trois semaines avec une série de raids policiers à Lilongwe, la capitale, et depuis lors, la situation ne s’est guère améliorée.
De nombreux ressortissants rwandais interrogés affirment ne plus se sentir en sécurité au Malawi, où des biens ont été confisqués, des maisons saccagées et des personnes violentées. Le journaliste Obed Nahayo en est un exemple flagrant : il n’ose plus quitter son domicile par crainte d’être victime de profilage en raison des demandes du Rwanda visant à retrouver des personnes soupçonnées de génocide. Cette demande de Kigali survient quelques semaines après l’arrestation en Afrique du Sud de Fulgence Kayishema, un fugitif qui a utilisé plusieurs identités et voyagé avec un passeport malawite.
Ce climat de peur n’est pas uniquement ressenti par les réfugiés rwandais, mais aussi par ceux originaires de la République démocratique du Congo et du Burundi. Fin mai, les autorités malawites ont annoncé leur intention de déplacer une partie des 70 000 réfugiés vivant sur leur territoire vers un camp surpeuplé situé à une quarantaine de kilomètres de Lilongwe. Ceux qui ont refusé cette décision ont été arrêtés, et selon Bantubino Leopold, représentant de la communauté burundaise, un grand nombre d’entre eux sont encore détenus en prison.
Ces arrestations ont été vivement critiquées par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. Cependant, le ministre de l’Intérieur, le Dr Kenneth Zikhale Ng’oma, se défend en affirmant que seuls des migrants économiques exerçant des activités commerciales illégales ont été appréhendés. La situation reste tendue et l’avenir des réfugiés dans le pays est incertain, avec des tensions persistantes entre les autorités malawites et les communautés de réfugiés provenant des Grands Lacs.